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KröniK | Alkerdeel - Morinde (2012)


Il y a quelque chose de sale au royaume de Belgique, surtout dans sa partie néerlandophone. Les groupuscules qui en sont originaires le démontrent, qu'il s'agisse de Lugubrum, auteur d'un Black Metal brut de décoffrage ou de Alkerdeel, puisque c'est de lui dont il s'agit ici. Ce nom  n'évoquera sans doute rien pour vous, à moins d'être un explorateur téméraire de la chapelle Doom, Leng Tch'e, Thee Plague Of Gentlemen ou son successeur Serpentcult, certainement davantage, formation qui partagent avec le sujet de cette chronique le bassiste Steven van Cauwenbergh (planqué derrière les initiales QW) et le guitariste Rik Martens (aka Pui). 
Après une démo composée d'une seule piste de 20 minutes, un EP à la pochette remarquée (De Bollaf!) puis un premier essai, De Speenzalvinge, qui lui ont permis de graver un matériau maladroitement arrimé au Sludge cependant que la négativité qu'il suinte le raccroche plus dans l'esprit à une forme d'art noir sordide, Alkerdeel accouche avec Morinde d'un organisme d'une décrépitude aussi malsaine qu'absolue. Moins Doom plus noir à la façon d'un Deathspell Omega voire d'un Blut Aus Nord, période The Mystical Beast Of Rebellion ("Hessepikn"), il est un concentré maladif que ronge une folie rampante et contaminatrice. Ni lumière ni beauté salvatrice ne viennent jamais éclairer, réchauffer ce charnier noyé dans des relents fétides de corps en décomposition. De la prise de son rudimentaire, larsens compris, au chant goudronneux quand il ne déverse pas une bile dégueulasse, de la guitare trempée dans la vase à la rythmique primitive, tout contribue à racler les chairs, à s'enfoncer dans une eau saumâtre avec un sens du glauque, du malsain palpable tout du long. Rude et d'une brutalité viscérale comme une saillie sans vaseline, Morinde s'ouvre et se ferme sur deux longues pénétrations, remparts à l'intérieur desquels sont serrés deux autres titres plus courts, presque punk pour "Horsesaw", d'une lancinance déglinguée pour le déjà cité "Hessepikn". En forme de coups de boutoir épidermiques, "Winterteens" se traîne pendant près d'un quart d'heure, toujours au bord de la rupture. Quant à "Du Levande", malgré son introduction fonçant pied au plancher qui sent bon la prise captée en répèt', il creuse de profondes galeries souterraines, oppressant couloir hanté par des cris d'aliénés. Le rythme est lent, engourdi,  à l'image d'une atmosphère mortifère. Puis, presque à mi-parcours, la cadence s'emballe soudainement, sursaut bestial qui s'efface ensuite par le retour des palpitations morbides jusqu'à un final définitif. Extrêmement cru, Morinde est de ces albums à ne pas mettre entre toutes les oreilles et qui laissent de sales stigmates autant dans la peau que dans l'âme tel un viol sauvage. (2012)


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