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KröniK | Ethmebb - La quête du Saint Grind (2017)


Si les Monty Python, ou du moins ce qu'il en reste, cherchaient une nouvelle bande-son pour leur mythique "Sacré Graal", ils ne pourraient alors trouver plus proche de leur esprit férocement parodique que "La quête du Saint Grind". C'est dire la dimension joyeusement bordélique qui caractérise la musique forgée par Ethmebb. Ajoutons-y une louche d'un Kamelott passé à la moulinette et vous aurez une idée assez juste quant à la teneur de ce metal totalement décomplexé qui galope là où le vent de la folie l'emporte.
Même s'ils ne se prennent pas au sérieux, nos quatre lascars ne plaisantent pas vraiment, forts d'une vigueur technique effrontée et d'une assurance qui ne l'est pas moins. Les apparences étant souvent trompeuses, il n'est point question ici de grind dont on pourrait chercher longtemps les moindres miasmes, mais d'un death metal aussi épique qu'alambiqué, à la fois sombrement folklorique et puissamment acéré, évocateur de temps médiévaux goguenards et néanmoins orageux. Reste que vouloir limiter cette turbulente partition à ce seul genre semble bien réducteur tant le groupe cavale à travers de nombreuses régions (black, doom...), tout du long d'une expédition semée de dangers. Pour cette première épopée, toutefois préparée par une courte escapade ("Lost My Grind" en 2013), les Français ont vu les choses en grand. Généreux, ils n'hésitent pas à livrer une offrande de près d'une heure qui se feuillette comme un récit, divisé en plusieurs chapitres telle une tapisserie comptant de rocambolesques faits d'arme. Suivant le périple du chevalier Thator à la recherche de son précieux Grind, source de son attractivité sexuelle, sans lequel il ne peut donc assouvir ses besoins homériques, l'opus déroule un menu cinématique ('Tathor, l'échalote de ses morts'), biberonné à l'heroic fantasy de série Z, fruit de l'accouplement sauvage entre Rhaspody et Finntroll sous l'œil vicieux de Burgul Torkhain, groupe qui rappellera peut-être quelque chose à certains. Mais au-delà de paroles hilarantes et volontairement égrillardes, ce galop d'essai longue durée impressionne par sa foisonnante inspiration et sa manière de mélanger les genres avec un bonheur gourmand. Il suffit d'écouter ce 'Lost My Grind', entame déchaînée qui concentre en un peu plus de cinq minutes l'essence de ce metal extrême protéiforme où le chant d'outre-tombe ou plus hargneux s'associe à des guitares virtuoses et mélodiques sur fond de croisade échevelée, pour mesurer le niveau de folie qui dicte au groupe cette musique puissamment éruptive. Louchant parfois vers le pompiérisme hollywoodien d'un Nightwish ('Orlango Blum'), le groupe joue à l'équilibriste le long d'une ligne ténue séparant la parodie du ridicule sans toutefois jamais chavirer du côté obscur. Fruit d'un travail de composition acharné, des pièces quasi progressives telles que 'GPS : Gobelin Par Satellite', 'A La recherche de la découverte...' ou l'énorme 'Pirates Of The Cariboo', sans oublier ce 'Bruce Lee mena l'amour' dont les 17 minutes ( !) s'achèvent en délire technoïde, témoignent d'un véritable bourgeonnement créatif dont on se demande quand même comment Ethmebb parviendra à le surpasser, à moins de mettre à nouveau dix ans pour enfanter un deuxième album... Féroce et sautillant, sombre et rigolard, Ethmebb livre un premier album aux allures de (Sacré) Graal sonore, dévoilant un potentiel énorme qu'on suppose toutefois encore à peine défloré. 3/5 (2017) | Facebook





Live Report | Ethmebb + Nydvind + Gargantua + Kozmik Monkeys (Paris - 21/01/2017)


Ceux qui s'attendaient à voir Nydvind en tête d'affiche de cette soirée du 21 janvier en seront pour leur frais car, release party oblige, c'est Ethmebb qui patronne cette date. Pour l'occasion, nos furieux chevaliers se sont bien entourés, comme vous allez vous en rendre compte.

Quand les membres de Kozmik Monkeys déboulent sur scène, affublés de masques piqués à la série de La planète des singes des années 70, on se dit que la rigolade va être rendez-vous avec ce chauffe-salle improbable. Tout faux, le groupe nous assène au contraire une sorte de stoner doom (forcément) velu qui ne plaisante pas vraiment. Qui sont les gars qui se cachent derrière cet attirail de boutique de farces-et-attrapes ? Nous l'ignorons, mais la teneur jubilatoire de cette bûche aux relents cosmiques nous a fait regretter l'absence de merchandising. Les compos, la technique, l'attitude, tout y est. A revoir et à écouter d'urgence !



Changement de registre (à tous les niveaux) avec Gargantua, formation francilienne visiblement très attendue ce soir. Refusant d'être inféodé à quelque style que ce soit, celle-ci propose un metal extrême décoiffant qui passe à la moulinette black, death, thrash, prog et bien d'autres choses encore, avec une maîtrise un peu folle. Cela pourrait être bordélique sinon pesant comme un repas indigeste mais réussit au contraire à tout emporter sur son sillage, grâce à une bonne humeur évidente et une envie d'en découdre qui ne l'est pas moins. Au côté du chanteur Forcister Usuroae particulièrement en forme, cohabitent notamment une guitariste à l'énergie féline et un claviériste qui n'hésite à se lancer dans un solo d'accordéon ! Une bonne surprise pour ceux qui ne connaissaient pas ce combo auteur d'un EP, "Avant-propos", des plus prometteurs. 



Place ensuite à Nydvind qui tranche par rapport au reste de l'affiche, tant par sa notoriété qui n'est plus à démontrer que par son nordic heathen black metal. Comme d'habitude, le groupe envoie le petit bois sans avoir besoin de quelconque artifice. C'est la pureté d'un art séculaire et majestueux, taillé dans la roche froide de montagnes mythologiques.  Arc-bouté sur son Ibanez, Richard Loudun (aka Hingard) donne tout ce qu'il a, solidement soutenu par ses frères d'armes Kraban (Heol Telwen, Bran Barr) à la basse, Nesh (Azziard) à la guitare et Stig derrière les fûts. La set-list a la bonne idée d'être axée sur "Eternal Winter Domain", première offrande légendaire dont la pièce éponyme ou 'Thunderhymn' font toujours souffler le blizzard. Si "Sworn To The Elders n'est pas oublié, un nouveau titre qui nous met l'eau à la bouche, se glisse judicieusement au milieu de ces hymnes éternels, avant-goût d'un troisième album (enfin !) que les plus pessimistes n'espéraient plus. Bref, encore un concert impeccable de la part de nos Vikings préférés.


Après cette déflagration glaciale, on s'inquiète un peu pour Ethmebb qui a donc la lourde tâche de succéder à Nydvind et de clore la soirée, inquiétude vite balayée par une formation qui peut compter sur un public acquis à sa cause. En dépit de sa relative fraîcheur (il a déjà dix ans au compteur), le quatuor livre une prestation qu'aucune approximation ne vient grever, resituant avec précision et fidélité toutes les nuances de "La quête du Saint Grind" dont on fête ce soir la sortie. Point de grind à l'horizon mais un death metal épico-progressif à la fois sautillant et implacable.  Heureux d'être là et décontractés, les musiciens déroulent un set galopant, qui s'achève en joyeuse partouze lorsque débarque sur scène l'accordéoniste de Gargantua avec au bout du chemin le (sacré) Graal !