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KröniK | Armophis - Tuonela (1999)


Si jusqu'à présent, il avait su se renouveler en douceur, par petites touches pointillistes, gommant peu à peu ses atours les plus extrêmes dont il restait cependant toujours quelques oripeaux, notamment à travers la voix death du guitariste Tomi Koivusaari, Armorphis achève en revanche brutalement sa mue avec ce "Tuonela", qui marque un changement radical dans son style qui, s'il a toujours été mélodique, davantage en tout cas que celui d'autres formations finlandaises pataugeant elles-aussi dans les viscères, n'avait encore jamais affiché des traits aussi lisses sinon accessibles.
L'abandon total des growls -  sauf le temps d'un 'Greed' que nimbent toutefois des notes de claviers antédiluviens et dans une moindre mesure d'un 'Divinity' aux grosses voix plus parcimonieuses - au profit du seul chant clair qu'assure un Pasi Koskinen, confirmé comme l'unique vocaliste du groupe, témoigne de cette évolution qui, si elle ne fera pas que des heureux dans les rangs de ses admirateurs, lui permettra de toucher un public plus large, suivant en cela le même glissement que Tiamat ou Paradise Lost, dans des genres différents. De fait et nonobstant l'empreinte reconnaissable entre mille de Esa Holopainen, c'est presque un nouveau groupe qui se dévoile par l'entremise de ce quatrième album. Il ne reste donc définitivement plus rien du death doom originel et même les touches folkloriques qui coulaient dans les veines de "Tales From The Thousand Lakes" et "Elegy" ont presque disparu. A peine en décèle-t-on quelques réminiscences sur un 'Withered' entraînant, auxquelles les Finlandais préfèrent désormais des effluves psychédéliques ('Shining'), prouvant que leurs vraies racines étaient en réalité à chercher dans le (hard) rock progressif des années 70 ('Rusty Moon' et sa flûte virevoltante). Cela fait-il pour autant de "Tuonela" un mauvais disque ? Bien au contraire car, avec ce sens de l'accroche qui fait mouche, toujours aussi imparable, Amorphis se fend selon son habitude d'une poignée de compositions toutes plus délicieuses les unes que les autres. Mieux, après un "Elegy" aux allures de transition, cet opus se révèle plus homogène, le futur chanteur de Shape Of Despair s'y montre plus à son aise dans un registre très rock, simple et direct mais ô combien enchanteur à l'image des 'The Way', 'Morning Star', 'Nightfall' hanté par la présence d'un surprenant saxophone, ou le terminal 'Summer's End', autant de pièces d'orfèvre qu'une sourde mélancolie recouvre de son suaire automnal.  "Am Universum" et plus encore "Far From The Sun" ne confirmeront pas seulement cette direction musicale, ils ne feront que l'amplifier, au grand désarroi des ayatollahs de la première heure qui ne comprennent pas qu'un groupe peut légitiment avoir envie d'évoluer. Dès lors que la musique conserve sa valeur, qu'importe le changement, d'autant plus que les Finlandais, fidèles à d'immuables standards de qualité, ont su maintenir une égale inspiration au fil du temps... 3.5/5 (2016) | Facebook






Clint Eastwood | Jugé coupable (1999)


Même s’il est vrai que Clint Eastwood ne déçoit jamais lorsqu’il passe derrière la caméra, livrant de bons ou d’excellents films, on a parfois l’impression qu’il se montre moins ambitieux quand il s’attaque au film d’action, contrairement au western (les quatre qu’il a réalisé sont des chefs-d’œuvre) ou à des genres qui lui sont à priori plus étrangers (le drame par exemple).
Ainsi Jugé coupable, sa vingt et unième réalisation tournée entre Minuit dans le jardin du bien de du mal et Space Cowboys, ne constitue sans doute pas son film le plus brillant, ni le plus original. Mais un Clint, même mineur, demeure toujours bien supérieur à la plupart des longs métrages sortis ces dernières années. L’histoire est on ne peut plus classique et le scénario ne va pas sans quelques faiblesses. Mais Clint, en vieux briscard de la pelloche qu’il est désormais, en joue avec classe. Par exemple, son personnage prouve en quelques heures l’innocence de l’accusé, ce que des avocats en plusieurs années n’ont pas réussi à révéler. Tout cela n’est pas très crédible, mais cette invraisemblance est carrément mise en évidence durant le film, lors d’une tirade entre le journaliste et le directeur du journal. Quelque part, c’est une leçon ! De fait, l’intérêt de Jugé coupable ne réside pas dans son scénario, ni même dans la mise en œuvre de celui-ci, bien que le cinéaste démontre une fois encore sa parfaite maîtrise de la réalisation et de la direction d’acteurs. Déjà, le film est un plaidoyer contre la peine de mort, dont Eastwood, malgré ses opinions républicaines, est un fervent opposant. Mais plus encore, c’est son personnage et sa rédemption qui intéresse l’acteur. Il s’agit d’un thème récurrent à toute son œuvre. Clint a mis beaucoup de lui-même dans ce journaliste multipliant les conquêtes féminines, père pas toujours exemplaire (la visite du zoo constitue un grand moment). C’est un individualiste, un paria. Eastwood nous livre un regard sur sa vie et la présence au générique de sa fille (Francesca), de sa femme (Dina) et de son ex femme (Frances Fisher) n’est sans doute pas fortuite. De plus, le film, froid, presque austère (toutes les scènes dans le pénitencier, lesquelles ne sont pas sans évoquer L’évadé d’Alcatraz de Don Siegel) est efficacement mené et non dénué du cynisme coutumier de son auteur. Le suspense s’avère parfaitement distillé, notamment durant les dernières scènes où l’accusé se trouve à deux doigts de mourir. Il se pare enfin d’une valeur documentaire des plus intéressante. Ainsi, les dernières heures d’un condamné à mort sont traitées avec beaucoup de réalisme, d’une manière très sèche, loin de tout glamour hollywoodien. Un dernier mot à propos des comédiens. Il va s’en dire qu’ils sont tous impeccables, comme toujours avec Clint. Outre le Maître lui-même, citons Isaiah Washington, Denis Leary et surtout James Woods, qui, en directeur du journal, nous offre un numéro parfaitement jubilatoire. Ses joutes verbales avec Eastwood, forment de savoureux moments, notamment par le contraste entre les deux acteurs, l’un étant le roi de l’underplaying (Clint), l’autre se montrant souvent excessif (Woods).




Don Marque | 19 ans et top canon (1999)


En quelques mots : Réalisé par Don Marque en 1999 entre beaucoup d'autres, 19 ans et top canon n'a rien de mémorable. A l'instar de 19 ans et effrontées, le rythme est lent, l'image assez laide et les scènes de sexe fleurent bon la routine. Seule la longue séquence avec Silvia Saint, dont le corps exsude la damnation par tous les pores, mérite le détour, la blonde justifiant la vision de cette modeste bande de série...

IMDB
Chez Vivlajeunesse

Krönik | Rapture - Futile (1999)


Bien qu'il ait désormais disparu depuis une dizaine d'années dans la brume, après n'avoir enfanté - à ce jour - que trois albums, Rapture n'en reste pas moins une figure importante dans l'histoire du Death Doom du pays des mille lacs, dont il a contribué à façonner les traits d'une glaciale et fantomatique beauté. Ayant vu défilé dans ses rangs à peu près toute la scène extrême finlandaise, de Finntroll à Impaled Nazarane, d'October Falls à Bararhrum sans oublier Shape Of Despair, entre beaucoup d'autres, il est permis d'affirmer que le groupe a fait plus que préparé le terrain à Swallow The Sun dont le séminal "The Morning Never Came" a été enfanté quatre ans après le matriciel "Futile", première offrande du sextet qui en 1999 va jeter les bases de ce Death mélodique englué dans le permafrost. Alors certes, il n'invente lui-même rien, creusant en réalité le sillon entamé par Katatonia avec son tutélaire "Brave Murder Day", publié trois ans plus tôt mais la sensibilité finlandaise n'ayant rien à voir avec celles des Suédois, Rapture apporte au genre une touche très particulière, ce feeling frissonnant plus élégiaque que sinistre quoique tout aussi entêtant. Vigies perçant le brouillard, les guitares possèdent ce même caractère obsédant que chez Katatonia mais elles vibrent d'un éclat mélancolique et majestueux qui n'appartiennent en définitive qu'à elles. Il suffit ainsi d'écouter un titre tel que 'This Is Where I Am', pourtant du lot celui le plus marqué du sceau des Suédois, pour mesurer la différence qui existe entre les deux formations dans leur expression d'un désespoir lugubre chez l'un, plus évanescent sinon mélodique ('While The World Sleeps') chez l'autre. Enténébré par la voix d'outre-tombe de Petri Eskelinen, "Futile" déroule un menu imparable que ne grève aucun temps mort. Lancé par une très belle intro toute en progression, l'opus prend son envol avec 'To Forget', dont les lignes ensorcelantes et les superbes accélérations creusent dans la mémoire d'ineffaçables stigmates. Si les plaintes suivantes maintiennent tout du long une même inspiration, l'une d'entre elles se distingue toutefois, ce 'Someone I (Don't) Know', lente élévation dont les traits se durcissent peu à peu, sorte de ballade qui brutalement change de ton, explose lors d'une dernière partie volcanique en un puissant geyser de noirceur tandis que ses ultimes mesures qui voient le tempo s'emballer, achèvent d'en faire l'apogée d'un album qui meurt le (presque) tout aussi superbe '(About) Leaving' aux modelés sombrement enchanteurs. Nonobstant les incontestables qualités de "Songs For The Withering" et "Silent Stage", Rapture ne fera jamais mieux par la suite. Le fait que l'âme de Shape Of Despair, Jarno Salomaa, n'ait participé qu'au seul "Futile" n'est peut-être pas étranger à une réussite que ses successeurs ne parviendront donc pas à égaler... 4/5 (2016)


                                   

KröniK | Yearning - Plaintive Scenes (1999)


Après un premier opus, With Tragedies Adorned, ancré dans le doom death et magnifique de désolation, Yearning commence avec Plaintive Scenes à entamer sa mue vers un metal plus atmosphérique bien que toujours mélancolique. Les rythmes se font moins lourds et la voix caverneuse, toutefois encore employée avec parcimonie, constitue l’un des derniers oripeaux du passé extrême du groupe finlandais. Le chanteur privilégie cette fois une profonde voix claire qui convient mieux à l’orientation plus mélodique de l’album. Par contre, la musique est toujours belle et majestueuse, comme le prouvent les superbes pièces que sont  “ Unwritten ” qui résume à lui seul ce qu’est Yearning aujourd’hui, “ Plaintive Scenes ”, “ Soliloquy II ” ou bien “ Eyes Of The Black Flame ” et leurs riffs envoûtants qui vous rentrent dans la tête pour ne plus en ressortir tel le venin d’un serpent se répandant dans vos veines. Dans l’ensemble, les titres sont plus courts, plus ramassés, plus équilibrés aussi, le tempo est plus rapide (toute proportion gardée bien sûr, on ne parle pas ici de speed !) et l’on peut même noter l’adjonction, certes discrète, de quelques voix féminines et de flûtes.  Bien sûr, la vieille garde criera au sacrilège mais Yearning offre pourtant  une musique peut-être même plus intéressante qu’autrefois et démontre que la stagnation artistique ne l’intéresse pas, quitte à se mettre à dos les fans de la première heure qui devraient cependant toujours retrouver ce sens de la mélodie et de la mélancolie qui faisait déjà le charme de With Tragedies Adorned en faisant un petit effort d’ouverture. A noter pour faire bonne mesure, la pochette très réussie signée Jean–Pascal Fournier. 3/5 (2006) 


                                   

KröniK | Agalloch - Pale Folklore (1999)



















En fait, tout est dans le nom du groupe, tiré du nom de la forêt résineuse d'Agarwood. Intimement connecté à la nature du nord-ouest américain, Agalloch prend sa source dans l'humus d'un folklore mystique, forestier, sentant la terre, les feuilles baignées de l'humidité de la nuit et le bois recouvert de mousse.

KröniK | Blackmore's Night - Under A Violet Moon (1999)


Contre toute attente, et alors que ses fans de la première heure espéraient que Shadow Of The Moon resterait sans lendemain, Ritchie Blackmore revient deux ans plus tard avec une seconde offrande sous la bannière de son projet acoustico-médiéval qu’il a monté avec sa compagne Candice Night.
La chance de pouvoir écouter un jour un nouvel essai de Rainbow, lequel était pourtant encore envisagé en 1997 avec un line-up qui aurait totalement été remanié (la rumeur d’un retour de Ronnie James Dio circulera même quelques années plus tard), semble de fait de plus en plus improbable. Apaisé et heureux comme il ne l’a pas été depuis très (très) longtemps, le ténébreux guitariste a donc décidé de se concentrer désormais uniquement sur Blackmore’s Night, au sein duquel il apparaît effectivement très l’aise. Sans surprise, Under A Violet Moon poursuit le chemin entamé par son aîné avec sa collection de ritournelles folkloriques essentiellement acoustiques même si l’Homme en noir sait encore dégainer sa Stratocaster durant de rares instants, à l’image du superbe "Gone With The Wind", rehaussé de chœurs grandioses ; certainement un des meilleurs titres du lots, un des plus rock également. Alors certes, c’est toujours une jouissance de pouvoir entendre le maître jouer en électrique, mais il faut pourtant se faire une raison : celui-ci en a visiblement assez du hard-rock, courant dont il fût pourtant un des géniteurs et, à cinquante ans (bien) tassés, il aspire à composer une musique qui dorénavant lui correspond davantage. Que l’on aime ou non cette nouvelle orientation, reconnaissons au guitariste sa sincérité et son intégrité aussi, car combien il lui aurait été facile de continuer sur la lancée de Stranger In Us All, le dernier Rainbow en date. Reconnaissons aussi au séduisant couple, secondé ici le temps de quatre morceaux par Jens Johansson (Yngwie Malmsteen, Stratovarius…) aux claviers, l’incontestable réussite dans cette voie originale. S’il ne parvient pas à égaler son prédécesseur, Under A Violet Moon n’en est pas moins lui aussi riche de très bonnes compositions, illuminées par la voix aérienne et cristalline de Candice, aussi radieuse que le jeu de son compagnon est noir. Citons notamment l’entraînant titre éponyme (un classique aujourd’hui), le médiéval "Past Time With Good Company", l’orientalisant "Morning Star" et son violon empreint d’une gravité certaine, les instrumentaux "Possum Goes To Prague" et "Beyond The Sunset", qui démontrent si besoin en était encore tout le feeling dont Ritchie est capable. Retenons également l’hispanisant "Spanish Nights", introduit par des arpèges d’une beauté noire et l’étonnante reprise de Rainbow "Self Portrait", extrait du premier opus de 1975. Par rapport à Shadow Of The Moon, cette cuvée se teinte de couleurs plus moyenâgeuses encore ("March The Heroes Home", le diaphane "Catherine Howard’s Fate", "Durch Den Wald Zum Bach Haus") tout en étant moins électrique. Blackmore’s Night confirme donc avec cet album, l’un des préférés du duo, qu’il est un projet sérieux et en rien éphémère. On ne peut que s'en réjouir et tant pis pour les esprits chagrins qui déplorent que le guitariste ait décidé de ranger pour de bon son hard-rock au grenier. 3.5/5 (2009) | Facebook