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KröniK | Audrey Horne - Blackout (2018)


Sa renommée circonscrite entre les murs de la seule chapelle métallique, Audrey Horne fait partie de ces groupes qui mériteraient de bénéficier d'une exposition plus grande encore. Car, auteurs d'une véritable formule magique, les Norvégiens possèdent entre les jambes tous les atouts pour séduire un public rock au sens large du terme et pas seulement ceux qui se souviennent vaguement que le groupe fut à l'origine le jouet d'une poignée de musiciens issus de la sphère extrême scandinave parmi lesquels l'actuel guitariste d'Enslaved, Arve Isdal. Depuis treize ans, les albums se suivent, tous plus imparables les uns que les autres. 



Après un opus éponyme tavelé de touches plus progressives, "Youngblood" et "Pure Heavy" semblent avoir durablement fixé  les ingrédients d'une recette irrésistible, énergique et suave, directe et décontractée, ce que confirme aujourd'hui "Blackout" et ce, de la plus jouissive des manières. Absent des bacs depuis plus de trois ans, le groupe y dévoile (encore une fois) une forme insolente. Avec l'assurance tranquille de mercenaires qui n'ont plus rien à prouver, les Scandinaves crachent ce (hard) rock mélodique gonflé au Viagra auquel une vraie authenticité confère ce supplément d'âme et de charme qui permettra toujours à Audrey Horne de naviguer largement au-dessus de la mêlée, marque des grands, s'il en est. Techniciens hors-pair qui ont le Heavy avec un grand H chevillé au corps, ses membres se doublent de compositeurs habiles dont l'écriture fait mouche à tous les coups. De fait, à l'instar de ses devanciers, "Blackout" aligne les hymnes avec une classe effrontée, ferrant l'auditeur d'entrée de jeu avec ce 'This Is War' qui lance l'écoute avec ses guitares jumelles dans la belle tradition du genre et que survole le chant puissant de Toschie. En six minutes et quinze secondes, le combo de Bergen balaie sa (trop) longue absence avec cette science implacable de la mélodie racée et accrocheuse. Mais, immédiate, l'œuvre tire sa force de la variété de traits qui la colorent de touches chaleureuses. Classique et pourtant follement de son temps, cette partition chasse autant sur les terres du pur heavy metal ('Naysrayer', 'Audrevolution') que du rock gorgé de feeling, témoin ce 'Blackout' que ne renierait pas Thin Lizzy. Deep Purple n'est pas loin non plus, comme l'illustre le nerveux 'Light Your Way' sur lequel planent l'ombre du ténébreux Blackmore et le spectre de l'irremplaçable Jon Lord et ses claviers volubiles qui bavent de partout, sans que ces emprunts se révèlent encombrants. Avec intelligence, Audrey Horne fait sienne ces influences pour forger un matériau qui n'appartient finalement qu'à lui, comme le démontre un titre tel que le trapu 'Satellite',  porté par le chant survitaminé du sympathique frontman et irrigué par des guitares presque funky. Avec en sus, toujours, une espèce de mélancolie paisible qui ourle des compositions aux allures de travail d'orfèvre, à l'image de 'Midnight Man' ou de 'California' dont les atours musclés n'étouffent pas la beauté émotionnelle. Sûr de son art, Audrey Horne ne déçoit pas, selon sa bonne habitude, accouchant sans jamais se départir de sa décontraction ni de sa sincérité d'un grand disque à la hauteur de son généreux talent. (04/02/2018)

KröniK | Audrey Horne - No Hay Banda (2005)


Si aujourd'hui le groupe s'amuse des références extrême qu'on ne cesse - à tort - encore de lui coller sur la figure alors que sa musique en est à des années-lumière, il n'en demeure pas moins qu'à ses débuts Audrey Horne peut pourtant difficilement passer pour autre chose que le side-project de quelques activistes de la chapelle Black norvégienne désireux d'épancher leur soif de Hard rock et de metal plus accessible. Deux membres d'Enslaved (le guitariste Ice Dale et le claviériste Herbrand Larsen) ainsi que le bassiste King (Gorgoroth, God Seed...) participent ainsi à la création de ce groupe en 2002 aux côtés du chanteur Toschie et du gratteux Thomas Tofthagen (Sahg). Privé de l'aura de ses protagonistes, celui-ci aurait-il bénéficié de la même exposition ? Pas sûr. Audrey Horne, qui doit son nom au Twin Peaks de David Lynch, en a profité, c'est un fait, permettant à "No Hay Banda" de se tailler un beau succès lors de sa sortie en 2005, ce qui n'a pas manqué d'étonner venant de la part de musiciens habitués à plus de brutalité. La réussite de ce premier essai est-elle pourtant vraiment surprenante ? Le croire serait oublier que les racines profondes de ses membres restent avant tout le pur Hard Rock voire même le courant progressif et psyché, que l'on songe aux efforts de Sahg ou même aux albums d'Enslaved depuis l'arrivée de Ice Dale justement. Biberonné au Metal des années 90, enrichi de touches seventies, cet opus séminal est (déjà) un sans faute, posant le socle sur lequel ses successeurs vont ensuite se construire. Guitares lourdes et acérées, tapis de claviers discret et le chant puissant de Toschie forment les fondations de compos aux mélodies aussi nerveuses qu'accrocheuses. La plupart d'entre elles possède le potentiel pour être des hymnes naturels. Si le menu ne commence pas de la meilleure des manières avec ce 'Dead' aux couplets agaçants, dès 'Listening' le charme opère et le pouvoir de séduction avec. Tour à tour hyper heavy ('Get A Rope'), sombre et lancinant ('Weightless', 'Deathhorse' noyé sous des nappes brumeuses), doté d'arrangements soignés ('Crust') et culminant avec le long et terminal 'The Sweet Taste Of Revenge', périple épique aux multiples aplats et ambiances, "No Hay Banda" est un très bon disque, propulsant d'emblée ses auteurs dans la cour des grands, dépucelant un potentiel qu'on devine énorme et qui explosera dans les années à venir... 3/5 (2014)


                                   

KröniK | Audrey Horne - Le Fol (2007)


Les claques les plus fortes sont toujours celles que l’on attend le moins. Ayant un peu zappé les débuts du groupe et son premier jet No Hay Banda et ce, en dépit de la présence de Ice Dale (Enslaved et beaucoup d’autres) et TC King (Gorgoroth et beaucoup d’autres lui aussi) aux manettes, nous n'avions alors donc pas sauté au plafond à l’annonce d’une nouvelle cuvée. Grosse erreur.
Le Fol est un très grand disque. 12 titres. 12 bombes. Rien à jeter, absolument rien ! Loin, très loin, à des années-lumière même, du black métal dont certains de ses membres (présents ou passés) sont des mercenaires particulièrement réclamés, Audrey Horne délivre du pur hard-rock, accrocheur, énergique et efficace, avec dans la ligne de mire la scène grunge des nineties (Alice In Chains, Soundgarden), en mieux, tant les Norvégiens éclaboussent de leur classe chaque instant, chaque seconde de cet album. Pourtant, jamais ils n’auront le succès de leurs aînés. Le Fol sortirait sous l’étiquette Nickleback, par exemple, qu’il cartonnerait ! Mais qui connaît Audrey Horne ? Les 'blackeux' uniquement… qui ne manqueront bien sûr pas de vomir sur cet opus, comme il se doit. Le Fol a donc peu de chance de trouver son public. Dommage car il a le potentiel de ratisser très très large, avec ses chansons imparables, toutes dotées d’un refrain mémorisable dès la première écoute, d’une mélodie qui ne vous lâchent plus par la suite. Les quatre premiers titres sont absolument énormes : "Last Chance For A Serenade", que drape, comme sur bien d’autres, quelques nappes de mellotron à la King Crimson, "Jaws", le désespéré "Last Call" ou le (quasi) progressif "Treshold". Comme souvent avec les Norvégiens, la musique suinte une vraie mélancolie ("In The End"), discrète certes, mais bien palpable pour autant. Plus anecdotique, la ballade "Monster" reste agréable ; elle démontre toutefois que cet exercice obligé ne sied guère au groupe, comme le registre plus léger pratiqué par "Hell Hath No Fury". En revanche, guidé par le timbre séduisant de Toschie et par les lignes de guitare de Ice Dale, Audrey Horne n’a aucune leçon à recevoir en matière de puissance de feu ou de progression déchirante, comme en témoigne l’énorme "Bright Lights" et ses vocaux presque black (mon dieu, quel titre !). Quel talent ! Surtout celui de Ice Dale, responsable de la quasi totalité des morceaux. Comment l’obscure guitariste d’un modeste groupe de Black métal (Malignant Eternal) a-t-il réussi, depuis son intronisation comme second de l’ogre Ivar Bjornsson dans Enslaved, a devenir, de ce dernier à Audrey Horne, de I à Bourbon Flame, un des musiciens les plus brillants de sa génération ? L’air du Grand Nord sans doute… Lorsque l’écoute se conclut avec le long , lancinant et superbe "So Long Euphoria", le sentiment d’un bonheur salvateur ne peut que vous étreindre… ainsi que l’envie irrépressible de se repasser en boucle ce Le Fol en tout point bien supérieur à son prédécesseur. 4/5 (2009) | Facebook
A lire : No Hay Banda (2005)