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KröniK | Agonia - O Desvanecer (2015)


Décidément, il y a quelque chose de sinistre, de malsain, chez nombre d'entités lusitaniennes, une espèce d'aura abyssale que ronge une négativité caverneuse. Evidente dans le black metal, cette capacité à ruminer dans les profondeurs crayonneuses d'une cavité qu'aucune lumière ni chaleur ne parviennent à atteindre, gangrène même le doom qui devient sous ces coups de boutoirs cryptique une magma abstrait. Agonia vient rejoindre aujourd'hui les Bosque et autre Lord Of The Abyss, véritables spéléologues d'un genre qui n'a finalement de doom plus que le nom. Aux confins d'un rituel drone ambient et d'une procession funéraire, ces Portugais gravent donc de longues complaintes labyrinthiques dont dire qu'elles sont pétrifiées tient du doux euphémisme.
Un son étouffé, une voix volontairement lointaine, râle de douleur psalmodiant des paroles incantatoires, une guitare trempée dans une rouille lépreuse, directement accordée aux entrailles de la terre définissent un art aux allures de cérémonie obscure, capturée live avec un minimum de moyens, comme pour capter un feeling décharné et evil. Démo tape éditée par War Productions, O Desvanecer est le réceptacle d'une désolation abyssale dont les quatre pistes ont quelque chose de dédales suffocants, happé par une nuit d'encre. D'une inexorable lenteur, elles se traînent le long d'un souterrain creusant les arcanes de l'indicible. Tissant des câbles de tristesse, seule la guitare, encore que celle-ci soit prisonnière d'une couche rocailleuse, permet de suivre une progression engourdie, vigie maladive fouillant cette brume funèbre. A decomposição atroz, A dissolução final et O Desvanecer s'enchaînent, rites successifs d'une messe sentencieuse qui ne peut que se dérouler dans l'intimité ténébreuse d'une grotte au fond de laquelle infuse un brouillard opaque. Hormis une outro bruitiste qui ne s'imposait pas, quoique le format live de cet enregistrement en justifie la présence, cette démo confine, de part sa lugubre lancinance, à une transe tellurique suintant une tristesse infinie. Viscéralement ancré dans l'underground, on ne sait pas grand chose sur Agonia, ce qui en définitive n'est pas plus mal car, en nous maintenant dans l'ignorance de l'identité de ses membres, le groupe donne l'impression d'être l'instrument de créatures qui ne peuvent que provenir des limbes elles-mêmes... 3/5 (2017) | Facebook






KröniK | Agonia - O Adormecer Eterno (2015)


Demo tape publiée en janvier 2015 par War Productions, O Adormecer Eterno fait partie de ces offrandes qui ne peuvent naître que dans l'underground le plus obscur, fuyant la lumière du jour. Agonia, qu'il ne faut pas confondre avec ses nombreuses homonymes, est à l'image de ce premier cri de haine, mystérieux, intriguant, presque fantomatique en ce sens où ses membres donnent l'impression d'avoir été crachés depuis les limbes elles-mêmes. Sont-il des êtres humains ? La question mérite d'être posée tant la noirceur charbonneuse qui suinte de cet art doloriste et pétrifié, semble provenir des profondeurs les plus indicibles, comme une abyssale et mortifère éjaculation.
La semence qui s'écoule de ce méat ténébreux charrie une telle négativité que parler de doom à son sujet, se révèle totalement absurde. Certes d'une lenteur fossilisée qui l'entraîne dans des abîmes funéraires, O Adormecer Eterno noue finalement plus de liens avec le black metal le plus cryptique avec lequel il partage ce même vernis morbide. Mais qu'importe le genre auquel les Portugais se rattachent, l'essentiel est ailleurs, dans cette dimension rituelle et ces atmosphères incantatoires qui transforment la défloration de cette démo en une messe impie qui se ressent plus qu'elle ne s'écoute. Le son ferrugineux des guitares, les psalmodies lointaines ou hurlées et ces percussions endolories participent d'une ambiance de rituel capturé en condition live, parfois au bord de la rupture, à l'image de la conclusion déglinguée de Agonia Triunfante, à la manière d'une cérémonie sinistre dont l'auditeur est le témoin indiscret.  Quoique scindé en cinq pistes, cet opuscule se doit d'être abordé comme un tout indivisible que les contours opaques de son menu contribue à rendre plus abstrait encore. Inutile dans ce cas de chercher à détailler sinon distinguer ces plaintes suffocantes qui ne forment en définitive qu'une seule et même prière pour les morts. Leur lenteur inexorable, leur absence de rythme, les rendent quasi indéfinissables. Mais de leurs entrailles s'écoule pourtant une sève souterraine dans laquelle certains, dont l'auteur de ces lignes, décèleront une espèce de beauté douloureuse... 3/5 (2017) | Facebook