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Clint Eastwood | Jugé coupable (1999)


Même s’il est vrai que Clint Eastwood ne déçoit jamais lorsqu’il passe derrière la caméra, livrant de bons ou d’excellents films, on a parfois l’impression qu’il se montre moins ambitieux quand il s’attaque au film d’action, contrairement au western (les quatre qu’il a réalisé sont des chefs-d’œuvre) ou à des genres qui lui sont à priori plus étrangers (le drame par exemple).
Ainsi Jugé coupable, sa vingt et unième réalisation tournée entre Minuit dans le jardin du bien de du mal et Space Cowboys, ne constitue sans doute pas son film le plus brillant, ni le plus original. Mais un Clint, même mineur, demeure toujours bien supérieur à la plupart des longs métrages sortis ces dernières années. L’histoire est on ne peut plus classique et le scénario ne va pas sans quelques faiblesses. Mais Clint, en vieux briscard de la pelloche qu’il est désormais, en joue avec classe. Par exemple, son personnage prouve en quelques heures l’innocence de l’accusé, ce que des avocats en plusieurs années n’ont pas réussi à révéler. Tout cela n’est pas très crédible, mais cette invraisemblance est carrément mise en évidence durant le film, lors d’une tirade entre le journaliste et le directeur du journal. Quelque part, c’est une leçon ! De fait, l’intérêt de Jugé coupable ne réside pas dans son scénario, ni même dans la mise en œuvre de celui-ci, bien que le cinéaste démontre une fois encore sa parfaite maîtrise de la réalisation et de la direction d’acteurs. Déjà, le film est un plaidoyer contre la peine de mort, dont Eastwood, malgré ses opinions républicaines, est un fervent opposant. Mais plus encore, c’est son personnage et sa rédemption qui intéresse l’acteur. Il s’agit d’un thème récurrent à toute son œuvre. Clint a mis beaucoup de lui-même dans ce journaliste multipliant les conquêtes féminines, père pas toujours exemplaire (la visite du zoo constitue un grand moment). C’est un individualiste, un paria. Eastwood nous livre un regard sur sa vie et la présence au générique de sa fille (Francesca), de sa femme (Dina) et de son ex femme (Frances Fisher) n’est sans doute pas fortuite. De plus, le film, froid, presque austère (toutes les scènes dans le pénitencier, lesquelles ne sont pas sans évoquer L’évadé d’Alcatraz de Don Siegel) est efficacement mené et non dénué du cynisme coutumier de son auteur. Le suspense s’avère parfaitement distillé, notamment durant les dernières scènes où l’accusé se trouve à deux doigts de mourir. Il se pare enfin d’une valeur documentaire des plus intéressante. Ainsi, les dernières heures d’un condamné à mort sont traitées avec beaucoup de réalisme, d’une manière très sèche, loin de tout glamour hollywoodien. Un dernier mot à propos des comédiens. Il va s’en dire qu’ils sont tous impeccables, comme toujours avec Clint. Outre le Maître lui-même, citons Isaiah Washington, Denis Leary et surtout James Woods, qui, en directeur du journal, nous offre un numéro parfaitement jubilatoire. Ses joutes verbales avec Eastwood, forment de savoureux moments, notamment par le contraste entre les deux acteurs, l’un étant le roi de l’underplaying (Clint), l’autre se montrant souvent excessif (Woods).




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