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KröniK | Witchsorrow - Hexenhammer (2018)


Petit à petit, à son rythme, lent (forcément), Witchsorrow a fait son trou parmi les solides artisans du doom. Après avoir enfanté avec "No Light, Only Fire" ce que d'aucuns considèrent comme son offrande la plus aboutie à ce jour, le trio se devait de ne pas décevoir au moment de se délester de son successeur. Encore une fois publié par Candlelight Records, "Hexenhammer" ne pourra qu'épancher notre soif jamais rassasiée en enclumes sabbathiennes. A l'heure où le genre est, à l'instar de son cousin le black metal, travaillé de l'intérieur par des mutations le poussant dans une voie de plus en plus mortifère ou ténébreuse, qu'il est bon de pouvoir déguster un doom d'une pureté d'airain certes tellurique mais qui n'oublie jamais d'où il vient, enfant bâtard du heavy metal.

Héritier de Cathedral pour son énergie parfois groovy et d'Electric Wizard pour le chant du guitariste Nekroskull (ça ne s'invente pas !), avec lesquels il partage également ce même goût pour une sorcellerie hammerienne, Witchsorrow ne cherche donc nullement à révolutionner le credo, préférant au contraire réciter une messe séculaire à base de psaumes coulés dans le plomb des aciéries de la Perfide Albion. Classique dans la forme comme dans le fond mais ô combien jouissif, ce quatrième opus n'en constitue pas pour autant une resucée de ses prédécesseurs. Si ces derniers épousaient la forme massive de blocs pétrifiés aux ramifications tentaculaires, "Hexenhammer" s'articule quant à lui autour de compositions plus trapues qui ne franchissent même jamais la barre des dix minutes au compteur, fait suffisamment rare chez les Anglais pour être souligné. Bien sûr, le titre éponyme, 'Eternal' et surtout le terminal et mythologique 'Like Sisyphus' voisinent avec cette durée mais le reste, à savoir les trois autres pistes (sans compter la courte intro), se montrent plus directs, laissant des racines quasi NWOBHM affleurer à la surface ('The Devil's Throne'). S'ils ne sont parfois pas loin de galoper, comme au beau milieu du déjà cité et solennel 'Eternal', les Britanniques n'en ont pas moins les pieds englués dans un sol épais dont ils ne se libèrent qu'en de rares instants. La basse sismique de la petite Emily Witch et la batterie aux allures de bathyscaphe de David Wilbrahammer se chargent de faire trembler les murs ('The Parish'). Seul le manche du chanteur, quand il se lance dans de brefs soli, creuse dans la nuit des tranchées nébuleuses du plus bel effet, témoin le final onctueux de 'Demons Of The Mind'. Si son menu se révèle en définitive assez nerveux, l'album s'achève toutefois sur sa plainte la plus viciée dont la lourdeur pachydermique est à peine altérée par une brutale accélération et une ambiance hantée aux confins d'un psychédélisme occulte. Witchsorrow ne pouvait trouver meilleure façon de fermer la porte de ce "Hexenhammer" grondant d'une beauté pure et sentencieuse. (22/03/2018)

3.5/5 | Music Waves

KröniK | Witchsorrow - God Curse Us (2012)


Ils sont Anglais, ils aiment le Doom, le vrai, celui qui ne se noie ni dans une mare de claviers funéraires ni dans le lyrisme mélodique, celui qui donne l'impression d'écouter un 7 pouces en mode 33 tours, celui où le batteur a le temps d'aller pisser entre deux coups de caisse claire. Ils aiment Cathedral dont le Forest Of Equilibrium et le chant de canard enrhumé leur a servi d'engrais. Bref, on comprend pourquoi Lee Dorrian, boss du label Rise Above et, rappelons-le, chanteur et fondateur du dit Cathedral, a signé Witchsorrow alors que celui-ci n'avait qu'une seule démo sous le bras et dans lequel il a (forcément) trouvé un groupe selon son cœur. Et tant pis si le trio, où l'on repère avec joie un petit bout de femme à la basse (Emily Witch : ça ne s'invente pas), ne saurait passer pour la plus grande découverte depuis Black Sabbath car le Doom est avant une histoire de valeur(s) et de foi, plus que d'innovation à tout prix. C'est une religion à laquelle les fidèles, de plus en plus nombreux, le sont justement, fidèles, accueillant dans leur bouche toutes les hosties qu'on leur offre. Ce fut ainsi le cas de la première enclume éponyme de ce groupe originaire du Hampshire, grâce à laquelle il dévoilait déjà une propension pour les plaintes pachydermiques ne descendant guère en-dessous des 10 minutes au garrot. God Curse Us est de nouveau un bloc massif et minéral que fissurent juste un court instrumental sinistre à souhait ("An Antiquo") et un titre étonnamment court (comprendre moins de cinq minutes) qui voit le socle Doom être transpercé par des éclairs Heavy-Metal et de salvatrices accélérations ("Breaking The Lore"), construction que par ailleurs tous les autres titres répètent, Witchsorrow ne se départissant jamais (ou si peu) d'un canevas unique basé sur un monolithisme d'une extrême pesanteur, que vient briser en toute fin de parcours une brusque éruption digne du Sabbath originel et du Cathedral de l'âge d'or. "Aurora Altra" ou "God Curse Us" illustrent cette structure quasi-immuable, déjà à l'œuvre sur le disque précédent. S'ils ne s'emballent pas durant leurs dernières mesures, "Den Of Serpents", ou bien "Masters Of Nothing", s'achèvent néanmoins au fond du gouffre que creuse la guitare granitique du chanteur Nekroskull. Dommage que le groupe ne cherche pas davantage à briser une trajectoire connue d'avance, quand bien même certains détails, comme l'intro très seventies de la piste finale par exemple, témoignent, de manière timide, d'un soupçon de variation sans lesquels God Curse Us n'échapperait pas à un caractère impavide bien que totalement assumé. Il s'agit en définitive d'un bon album de Doom à la lenteur étudiée mais parfois assommante pour qui n'est pas sensible au genre, signé par un groupe dont la modestie le rend attachant à défaut d'être indispensable. 3/5 (2012)


                                   

KröniK | Witchsorrow - S/T (2010)


Alors que le compact disc, comme on l'appelait autrefois, vit sans doute ses dernières heures, son aîné, que l'on disait pourtant dans la tombe il y a encore quelques années, le vinyle donc, lui se porte plutôt bien. Merci. Tout ça pour dire que ce format de nouveau à la mode, et malheureusement récupéré par les bobos parisiens, reste bien le seul à pouvoir accueillir les temples en l'honneur de la déesse Doom. Démonstration avec la première enclume de Witchsorrow dont l'édition double gatefold renvoit sa petite sœur la rondelle dans les bacs à sable de la maternelle. L'objet est à l'image du contenu : massif, colossal. Car Witchsorrow, c'est du lourd, du lancinant, du signé chez Rise Above, l'église préférée des 'doomeux', du qui ne descend pour ainsi dire jamais en-dessous de la barre des dix minutes au compteur. Bref, le power-trio, qui a la bonne idée d'héberger en son sein une jeune femme solidement accrochée à sa basse tellurique, respecte les tables de la loi du genre. Son épais, minéral, voix masculine biberonnée au Ozzy et batteur au ralenti, sont quelques-uns des invariants que les Britanniques alignent comme des pinces à linge sur un fil. Un Black Sabbath qui aurait absorbé du Valium par boîte de 12, car il parait vouloir (re)pousser à son paroxysme l'art du monolithisme absolu ("The Agony"), descendre là où l'homme n'a jamais oser s'abîmer. Dernier échelon avant les abysses, Witchsorrow est un album qui se mérite, tant parler de lenteur à son égard tient de l'euphémisme. Seules pales sources de lumière sont les rares accélérations, toutefois engluées dans la glaise, qui découpent certaines compositions telles que l'épique "The Trial Of Elizabeth Clarke" ou "Thou Art Cursed". Convenues peut-être, celles-ci font cependant leur petit effet. Encore une fois, le groupe n'invente rien et d'autres que lui réussissent mieux cet exercice vicié et étouffant (Rituals Of The Oak ou The Wounded Kings, pour n'en citer que deux) mais le Doom est davantage une religion qu'une simple musique, reposant sur une dévotion sincère qui permet à ses prêtres, mêmes parmi les plus modestes, d'emporter l'adhésion des pèlerins. C'est le cas de Witchsorrow, groupe naturel et sympathique, lequel, s'il n'est pas le martyr tant espéré, se fait visiblement plaisir à rester fidèle aux codes du genre, à l'image de la photo 'cathedralienne' le montrant à côté d'une statue dressée au milieu de la nature, assène avec conviction un art de la douleur pachydermique que mine une inexorabilité profonde. 3/5 (2011)