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KröniK | Cities Last Broadcast - The Humming Tapes (2016)


En 2009, Par Boström enfantait avec "The Canceled Earth", une véritable symphonie crépusculaire et urbaine, pour reprendre les propres mots de votre serviteur, pierre angulaire des musique sombres en même temps que derelict rongé par une décrépitude au goût de fin du monde. Depuis lors, l'âme de Kammerheit n'avait donné signe de mort sous l'étiquette funèbre d'un Cities Last Broadcast qu'on croyait condamné à errer dans les limbes pour tout jamais, auteur d'un seul et vertigineux opus.
Inattendue, sa tardive résurrection n'en est donc que plus précieuse. Désormais hébergé par Cryo Chamber, le projet livre une seconde exploration sonore à la hauteur d'une attente qu'on supposait être vaine. Trés différent de son devancier mais portant l'indélébile empreinte du Suédois dont on goûte toujours avec une jouissance masochiste cette faculté à peindre des décors naufragés, "The Humming Tapes" s'abîme encore plus profondément dans les arcanes d'un monde fantomatique et désincarné où ne subsiste plus aucun souffle de vie. D'une froideur funéraire, l'oeuvre est peuplée de sons, de bruits, de râles et mélopées spectrales qui résonnent tel un écho mortifère. Comme l'illustre l'effrayant 'Glossalia', elle se veut beaucoup plus noire que "The Cancelled Earth" mais vibre pourtant d'une sourde beauté qui suinte de ces nappes opaques et enveloppantes ('Centennial').  D'une puissance immersive hallucinée, l'opus s'ouvre avec le court et bien nommé 'Lights Outs', dont les notes de piano squelettiques égrènent un désespoir infini. La lumière s'éteint, les ombres s'étirent, s'entassent. 'The Sitting' entame la descente vers les abysses. Si 'Fourth Floor' semble vouloir marquer une pause, respiration néanmoins désenchantée, 'Electrictiy' et Kathédra' renouent avec la tension souterraine, pulsations hantées au souffle glacial et inquiétant, kaléidoscope d'images pétrifiées et néanmoins envoûtantes qui évoquent les ténèbres d'un univers aquatique que ni la lumière ni la chaleur ne pénètrent. De fait, s'enfonçant peu à peu dans un liquide séminal,"The Humming Tapes" a des allures de lente et inexorable descente dans l'indicible, voyage à rebours de la vie vers le néant. Mêlant technique d'enregistrement rudimentaire et mixage contemporain, Par Boström parvient à créer une bande-son fascinante dont lui seul à le secret, à la fois introspective et quasi métaphysique. Ce faisant, il démontre si besoin en était encore, l'étendue, immense, de son talent puissamment visionnaire qui fait plus que jamais de lui une des figures tutélaires de la dark ambient. Ses deux créations sous le nom de Cities Last Broadcast, forment un ensemble aussi différent que complémentaire, sorte d'instantanés de sa perception du monde, un monde qui dérive vers une issue funeste et lui offre l'inépuisable terreau d'une inspiration terrifiante. (2017) | Facebook






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