AU PIF

KröniK | Solefald - World Metal. Kosmopolis Sud (2015)


Malgré son origine norvégienne et le fait d'avoir "vu la nuit" peu après les événements qui ont secoué le genre au début des années 90, Solefald n'a jamais vraiment été un groupe de black metal comme les autres, impression ressentie dès le séminal "The Linear Scaffold" en 1997 puis confirmée par ses successeurs.
Cornelius et Lazare (Borknagar), ses deux uniques membres, sont des musiciens trop intelligents et visionnaires pour se contenter de blasphémer en faisant saigner les muqueuses. A cette approche orthodoxe, ils ont donc très tôt préféré une expression plus philosophique, plus ambitieuse sinon évolutive sans pour autant renier leurs féroces racines. Si, œuvres extrêmement originales, "In Harmonia Universali" puis le diptyque "Red Fore Fire" / "Black For Death" demeuraient encore plutôt accessibles, que dire en revanche de "Norron Livskunst", opus pour le moins hermétique et sans doute incompris ? A force de vouloir expérimenter aux quatre vents, les Norvégiens se sont peu à peu éloignés de nous, s'enfermant dans un trip dont eux seuls ont la clé. Les premières informations qui ont circulé quant à la teneur de ce nouvel album, présenté comme le fruit incongru d'un mélange entre black metal et inspiration ethnique, world et électro, n'étaient pas pour nous rassurer, sans pour autant être surprenantes pour qui se souvient de "The Circular Drain", sorte de compilation bourrée de remix de vieux morceaux passés à la moulinette. Toutefois, après de douloureux préliminaires, "World Metal. Kosmospolis Sud", réponse au récent EP "Norronasongen. Kosmopolis Nord", se dévoile tout doucement, disque au final plus facile à pénétrer que son prédécesseur. Pourtant, la présentation qui en a été faite est on ne peut plus juste, mixture bizarre où copulent rythmes africains syncopés ('Bububu Bad Beuys'), arrangements déglingués, kystes électro voire quasi technoïdes ('World Music Black Edges'), volutes orientales façon "Laurence d'Arabie" ('2011, or Knight Of The Fail' et ses nappes de claviers seventies) ...  Il faut ajouter à cela une large palette vocale brassant voix parlées, graves et profondes, chant hargneux ou envolées émotionnelles pour aboutir à un résultat (forcément) déroutant mais dont le charme finit néanmoins par opérer sans que l'on sache trop comment, même si l'organe de Lazare n'y est sans doute pas étranger. Par sa simple présence vocale, source intarissable de frissons, l'homme est capable de toute manière de sauver n'importe quel album. L'inspiration débridée de Cornelius fait le reste, truffant  toutes les pistes de richesses qui les rendent aussi captivantes que bigarrées, en un syncrétisme sonore en définitive plus digeste qu'il n'y parait de prime abord. "World Metal" reste donc du pur Solefald, dont le mélange des genres ne doit pas effrayer car la perplexité des premières écoutes laisse ensuite la place à une réelle jouissance. 3/5 (2015)






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire