AU PIF

KröniK | Tenebrae In Perpetuum / Krohm - Split (2010)


De toutes les récentes sorties du label Debemur Morti, au demeurant toutes excellentes, le split qui réunit deux membres de l’écurie française désormais basée en Finlande (?), Tenebrae In Perpetuum et Krohm s’impose pourtant comme la plus essentielle. Cette réussite, il la doit surtout il est vrai à la contribution des Italiens. Leurs trois saignées à la dimension cryptique sont en effet de petites perles noires et suicidaires qui synthétisent tout ce que l’on aime dans ce genre de chapelle impie. Les cris écorchés et possédés, les riffs pollués et grésillants (« II »), les ambiances sépulcrales forment les arc-boutants sur lesquels reposent l’édifice avalé par la brume.
Gravées entre 2008 et 2009, ces longues compositions s’avèrent en réalité déjà assez anciennes (2006 pour deux d‘entre elles), n’ayant jamais été capturées auparavant. Chantre d’un black metal dont la rapidité ne l'empêche pas d’être malsain, Tenebrae In Perpetuum étonne d’entrée de jeu avec  le mortifère « I », et son tempo lancinant tout du long. Bien que plus classique dans leur forme, « II » et « III » se révèlent tout aussi intéressants. Le son est tranchant comme une lame. Scarifiés par des passages plus lents et pétrifiés, ils s’abîment dans un marécage funéraire d’une morbidité délicieuse (le final hypnotique de la troisième complainte que rehaussent des chœurs fantomatiques). On tient là probablement le travail le plus lugubre - et donc le plus convaincant - des Italiens. Après un The Haunting Presence, certes agréable mais toutefois nettement inférieur à ses prédécesseurs, Krohm nous rassure avec ses trois excavations funèbres. Ainsi, « The Black Bridge » est une lente montée en puissance vers la mort. Numinas y déverse ses riffs maladifs, prisonniers d’un corset de tristesse, comme il ne l’a pas fait depuis longtemps, cependant que « Toccato Dalla Desecratzione » est fissuré par ces lignes de guitares à la Katatonia des débuts, vigie guidant le naufragé dans le brouillard drapant ce cimetière. Ceci dit, on préfère à ce dernier le terminal « Sentinel Monolith », à l’entame entêtante et dont les atours modèlent à nouveau leurs teintes sur celles du groupe d’Anders Nyström, influence matricielle évidente de l’entité américaine. Voilà donc un split hautement recommandable, théâtre d’un black doomy que les deux protagonistes exploitent d’une manière différente, rapide et aux multiples modelés pour Tenebrae In Perpetuum, plus monolithique pour Krohm. Indispensable. 3.5/5 (2010)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire