Après un demi siècle de carrière, Michel Sardou a décidé de tirer sa révérence, dans les bacs et sur scène sans pour autant renoncer à ses prestations théâtrales. Ne pas vouloir commettre l'album de trop ni une énième tournée d'adieu a motivé sa décision. "Le choix du fou" devrait donc être son testament et La dernière danse, un dernier baroud scénique. Mais ce vingt-sixième disque studio se veut d'autant plus précieux qu'il ne marque pas seulement le retour du chanteur après sept ans de silence discographique mais vient combler un tunnel long de quasiment trois décennies pendant lesquelles aucune de ses productions n'a vraiment su rivaliser avec les grandes réussites des années 70 et 80.
Que reste-t-il en effet des "Salut" (1997), "Français" (2000) ou "Etre une femme 2010" et sa tentative malheureuse de moderniser ce classique controversé, opus qui ont toutefois rencontré un succès certain ("Hors format"). Fidèle aux standards qui étaient les siens durant son âge d'or, Sardou se fend d'une offrande très courte, ne dépassant que de peu la demi heure. Le fait que pour ces dix nouvelles chansons, il ait à nouveau débaucher - entre autres - Pierre Billon avec lequel il a écrit 'Dix ans plus tôt' ou 'Les mamans qui s'en vont', pourrait laisser croire à un retour en arrière. Or, il n'en est rien et "Le choix du fou" se révèle très différent de que son auteur a pu livrer durant toutes ces années. S'il continue de chanter l'amour ('Et alors !', Pour moi elle a toujours 20 ans') et d'aborder des sujets engagés (l'euthanasie sur le poignant 'Qui m'aime me tue', l'écologie avec 'La colline de la soif' et ses couleurs country), le chanteur se montre plus crépusculaire et nostalgique que jamais. Quand bien même il se défend de regretter le passé, 'Le figurant', hommage aux sans-grades du septième art qui lui permet d'évoquer ses débuts au cinéma dans "Paris brûle-t-il" et le 'Médecin de campagne', regard teinté d'amertume sur une profession disparue, semblent vouloir dire le contraire. Plus surprenants encore sont le mélancolique 'San Lorenzo', qui parle moins du pape François que des sacrifices consentis par ces hommes qui offrent leur vie à dieu et aux autres, le sombrement hypnotique 'J'aimerais savoir' et la curieuse conclusion éponyme où Sardou est accompagné par les Petits chanteurs de Saint Marc, manière d'achever l'écoute sur une note plus optimiste. Ces pistes sont aussi les meilleures du lot. Epaisse comme un (bon) vin vieilli dans un fût de chêne, la voix du maître des lieux est au diapason de ce désenchantement auquel participent de superbes arrangements (cordes, banjo, accordéon fantôme interprétant un tango nocturne sur 'San Lorenzo'). "Le choix du fou" n'est ni l'album de trop ni un disque de plus mais la plus belle création de Michel Sardou depuis peut-être "Io Domenico". Quand bien même il nous manquera, souhaitons toutefois qu'il tienne parole contrairement à tant de vieilles gloires qui s'égarent en adieux depuis des années... 4.5/5 (04/11/2017)
Que reste-t-il en effet des "Salut" (1997), "Français" (2000) ou "Etre une femme 2010" et sa tentative malheureuse de moderniser ce classique controversé, opus qui ont toutefois rencontré un succès certain ("Hors format"). Fidèle aux standards qui étaient les siens durant son âge d'or, Sardou se fend d'une offrande très courte, ne dépassant que de peu la demi heure. Le fait que pour ces dix nouvelles chansons, il ait à nouveau débaucher - entre autres - Pierre Billon avec lequel il a écrit 'Dix ans plus tôt' ou 'Les mamans qui s'en vont', pourrait laisser croire à un retour en arrière. Or, il n'en est rien et "Le choix du fou" se révèle très différent de que son auteur a pu livrer durant toutes ces années. S'il continue de chanter l'amour ('Et alors !', Pour moi elle a toujours 20 ans') et d'aborder des sujets engagés (l'euthanasie sur le poignant 'Qui m'aime me tue', l'écologie avec 'La colline de la soif' et ses couleurs country), le chanteur se montre plus crépusculaire et nostalgique que jamais. Quand bien même il se défend de regretter le passé, 'Le figurant', hommage aux sans-grades du septième art qui lui permet d'évoquer ses débuts au cinéma dans "Paris brûle-t-il" et le 'Médecin de campagne', regard teinté d'amertume sur une profession disparue, semblent vouloir dire le contraire. Plus surprenants encore sont le mélancolique 'San Lorenzo', qui parle moins du pape François que des sacrifices consentis par ces hommes qui offrent leur vie à dieu et aux autres, le sombrement hypnotique 'J'aimerais savoir' et la curieuse conclusion éponyme où Sardou est accompagné par les Petits chanteurs de Saint Marc, manière d'achever l'écoute sur une note plus optimiste. Ces pistes sont aussi les meilleures du lot. Epaisse comme un (bon) vin vieilli dans un fût de chêne, la voix du maître des lieux est au diapason de ce désenchantement auquel participent de superbes arrangements (cordes, banjo, accordéon fantôme interprétant un tango nocturne sur 'San Lorenzo'). "Le choix du fou" n'est ni l'album de trop ni un disque de plus mais la plus belle création de Michel Sardou depuis peut-être "Io Domenico". Quand bien même il nous manquera, souhaitons toutefois qu'il tienne parole contrairement à tant de vieilles gloires qui s'égarent en adieux depuis des années... 4.5/5 (04/11/2017)
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