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LR | Ahab + Mammoth Storm + High Fighter (02/11/2015)




Le Tour Of The Glen Carring d'Ahab s'est arrêté à Paris le 2 novembre dernier au Glazart, devenu en l'espace de quelques années le temple du doom de la capitale. Et du Doom, nous en aurons eu une bonne dose durant cette soirée. Une triple dose même. Et variée qui plus est, en cela que les trois groupes se partageant l'affiche développent chacun une approche différente du genre.

Auteur d'un seul EP, "The Goat Ritual", c'est à High Fighter que revient l'honneur d'ouvrir les hostilités. Comme ils vont le prouver d'entrée de jeu, les Hollandais sont pourtant loin de puceaux maladroits et tâtonnants. Bien au contraire, leur maîtrise est déjà totale. Le public ne s'y trompe d'ailleurs pas, réservant un accueil déchaîné et réceptif à leur Stoner énervé nourri aux grains du Sludge le plus velu. Que le groupe soit piloté par une chanteuse n'est bien entendu pas étranger à cet enthousiasme. Mais ceux qui attendaient un chant diaphane ou romantique en auront été pour leurs frais car le registre de Mona Miluski, par ailleurs collaboratrice chez Napalm Records, se veut plus testiculeux que charmant. Alternant voix claires (un peu) et growls caverneux (surtout), la frontwoman tient parfaitement son rôle, bien secondée par des musiciens efficaces et visiblement heureux d'être là à partager ce moment avec un auditoire tout entier acquis à leur cause. Grâce à ce succès, High Fighter qui a joué notamment la quasi intégralité de "The Goat Ritual", dont 'Breaking Goat Mountains ou '2Step Blueskill', aura finalement même volé la vedette à Mammoth Storm dont la prestation va faire quelque peu retomber l'intensité. En effet, les Suédois, plus réservés, ont moins déchaîné les passions. Il faut dire que leur Stoner doom psyché fait de longues échappées se prête davantage à l'écoute attentive qu'au headbanging furieux. A leur charge aussi, une certaine difficulté à retranscrire toute la finesse d'un répertoire réduit en l'état à ses aspects les plus lourds.

Le groupe, emmené par Daniel Arvidsson, guitariste de Draconian, qui assure ici le chant et la quatre cordes, n'en a pas moins livré une solide prestation, fort d'une mécanique bien huilée typiquement suédoise, réussissant même parfois à nous transporter au-dessus du plancher des vaches. A l'origine trio, mais enrichi ce soir-là d'une seconde guitare, Mammoth Storm pioche dans son EP "Rites Of Ascension" et son premier album, "Fornjot", qui n'est alors pas encore sorti. Par rapport au Doom épidermique des Allemands, le ton change, se fait plus lent, plus nébuleux. Reste que tous les titres ont paru se ressembler, nous faisant dire que nous sommes passés à côté d'un concert plus merveilleux qu'il n'a été... 

Bref tout le contraire de Ahab qui, lui a su parfaitement reproduire son Nautic Funeral Doom dans un contexte scénique qu'on ne lui aurait pourtant pas cru favorable, son art appelant au recueillement. Même si ce n'est pas la première fois qu'il joue en France, le groupe est extrêmement attendu. En toute logique, le set démarre par un extrait du nouvel album, 'The Weedmen'. Et le charme opère déjà. Le public est transporté, enivré par cette houle funèbre. Toute la force des Teutons réside dans cette faculté  à envoûter sans jamais ennuyer.  En dépit de leur longueur (toujours au-delà des dix minutes au compteur), les compositions sont parfaitement adaptées à la scène, transformée en sombre navire que bercent de puissantes vagues entre calme et tempête. Elles sont exécutées de mains de maître par des musiciens concentrés qui n'ont nul besoin de (trop) s'exprimer pour s'attirer les faveurs du public. Guitariste sous-estimé, Chris Hector seconde avec discrétion mais précision le capitaine Daniel Droste dont le chant clair procure des frissons. Si les nouveaux titres touchent leur but, c'est l'interprétation de 'The Hunt', pierre angulaire de "The Call Of The Wretched Sea", le premier album des Allemands, qui fait exploser la température. Ahab n'a donc pas déçu, clôturant cette soirée en beauté, à laquelle nous avons été heureux d'assister, grâce au Glazart et à Garmonbozia. 








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