Malgré son illisible logo bien dans la tradition du genre, Wolvhammer n'est pas une horde de Black Metal de plus, ce que le visuel grisâtre et urbain de son second méfait, The Obsidian Plains, souligne déjà, premier contact avec ces Américains dont la récente signature avec Profound Lore Records devraient leur offrir une plus grande - et méritée - exposition, qu'ils n'en a bénéficié jusqu'à présent. Car, bien qu'encore jeune, Wolvhammer n'est plus un puceau, ayant déjà craché sa semence il y a quelques mois à peine avec Black Marketeers Of World War III. L'insolente maîtrise dont il fait preuve tout du long de cette seconde coulée témoigne par ailleurs que ses auteurs ont déjà une solide expérience, puisque l'on repère parmi eux notamment Jeff Wilson, qui a prêté sa guitare (comme bien d'autres) à Nachtmystium, participant au diptyque Black Meddle, et le batteur Heath Rave (ex Across Tundras) pour les plus notables. Du métier donc et une approche de l'art noir qui, comme souvent avec les Américains, prend des libertés avec les codes du genre pour le couler, ici, dans la fonderie d'un Sludge pachydermique. Si la voix écorchées dégueulant des paroles d'un profond nihilisme arrime Wolvhammer au Black Metal, aussi bien la tension apocalyptique qui gronde au plus profond de ses entrailles que cette rythmique goudronneuse le connectent davantage à la frange la plus hardcore du Doom. Le son très brut, d'une sale rugosité procède également de cet ancrage dans une réalité urbaine, terreau pollué idéal pour nourrir une engeance noire, prouvant en cela encore une fois que l'allégeance attendue aux forces des ténèbres n'est pas nécessaire pour cultiver le Black Metal le plus négatif. Il y a aussi ce sens du riffing dont la noirceur insondable n'altère en rien sa poisseuse et désespérée beauté qui sculpte au burin une influence Sludge qui est en fait bien plus que cela, socle mazouté sur lequel ces compositions s'enracinent. Déchiré par des griffures de guitare douloureuses, "Writhe" et le terminal "The Sentinels", dont toute la première partie instrumentale est belle à en pleurer, l'illustrent par exemple Lourd et tendu comme une hampe gonflée d'un fluide misanthropique, The Obsidian Plains est un album terrassant et brillant d'un éclat crépusculaire. Austère et tranchant comme les arêtes d'un édifice de béton, chacun des sept titres qui le jalonnent forme une marche supplémentaire vers une gorge noire sans fin, l'apogée étant atteinte avec les deux derniers charniers. Bien que relativement ramassé (trois quart d'heure à peine), cette seconde salve a quelque chose d'un étau qui vous sert d'entrée de jeu pour ne plus vous lâcher. Encore un très grand disque qui vient enrichir le catalogue de Profound Lore de plus en plus intéressant... (2011)
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