Autrefois fantasme d'une poignée d'explorateurs, essentiellement issus du moule progressif, cela fait bien longtemps maintenant que graver un album composé d'un seul titre ne fait plus peur à personne et surtout pas aux modestes artisans de l'underground. Après tout, il n'est pas plus difficile d'écrire une (très) longue compo qu'un hymne où tout est résumé en 4 minutes chrono en main. Non, par contre, écrire un BON titre l'est bien davantage. On pourrait penser qu'il faut tout de même en avoir des grosses pour tenter le relever un défi synonyme, même lorsqu'il est atteint, de suicide commercial. Mais Ysengrin, encore peu connu malgré déjà sept ans d'existence, deux opuscules et deux splits, dont le dernier partagé avec Aorlhac, Darkenhöld et Ossuaire, n'a pas ce problème là. Bénéficiant d'une totale liberté que lui confère la confidentialité de sa renommée et de l'appui de ATMF via sa sous division I, Voidhanger, qu'il a préféré à De Profundis qui était pourtant fait pour lui, le groupe, formé de musiciens qui traînent depuis quelques années déjà au sein de la chapelle noire hexagonale, se lance donc tranquillement et non sans une certaine réussite dans cet exercice ô combien casse-gueule. Le résultat est ce To Endotaton , piste de 40 minutes de prime abord pas toujours aisée à cerner en cela que sur un socle plutôt Doom seventies s'érige un tertre aux arcanes Black Metal. Le rythme est lent, envoûtant parfois, ce qui n'empêche pas le morceau d'être traversé par de nombreux passages, certains (relativement) plus rapides. Ambiances gothiques à l'italienne (façon Death SS), tapissées par des claviers d'un sombre liturgie, chant caverneux ou plus solennel, guitares rugueuses où suinte les racines ténébreuses d'Ysengrin et lignes de basse véloces se conjuguent sans jamais ennuyer, quand bien même la seconde partie se révèle plus intéressante, le groupe parvenant à échapper au piège fâcheux de l'assemblage maladroit de segments mis bout à bout pour atteindre la durée requise. On passe de soli mélodiques à des arpèges acoustiques, de lourdes reptations à l'accélération finale très Black et tout n'y est pas maîtrisé, notamment la prise de son un peu rêche, cependant que fait défaut à cette néanmoins ambitieuse composition davantage de liant, ce qui lui aurait permis de gommer ses atours abruptes. Mais les Français s'en sortent avec les honneurs et non pas à rougir de la comparaison avec d'autres plus connus qu'eux qui se sont également aventuré sur ce chemin le temps d'un album, comme cela fut le cas de Impiety par exemple qu'on n'imaginait pourtant pas à cette sauce. To Endotaton leur offrira-t-ils le sésame vers une reconnaissance accrue et méritée ? L'avenir nous le dira... (2012)
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