Ceux qui, attirés par l'étiquette "Big Beat Progressive Rock" qui lui a été accolé, espéraient trouver chez Lunden Reign les ingrédients autant épiques que techniques qui leur sont si chers, en seront bien entendu pour leur frais. "Big Rock" semblerait du coup plus approprié pour définir le son de ce groupe américain dont "American Stranger" est la carte de visite, quand bien même sa nature conceptuelle l'arrime de manière lointaine au progressif si tant est que le genre soit le monopole de ce type de réalisations. Certes, quelques (très) discrètes notes synthétiques comme échappées d'un orgue hanté ('Hush & Whispers') ne sont, il est vrai, pas sans évoquer certains maîtres de la musique évolutive des années 70, toutefois c'est bien sur les terre d'un rock typiquement américain que braconne Lunden Reign. Ce qu'il fait d'ailleurs plutôt bien. Son principal trait de caractère tient à la (double) présence féminine qui l'anime et l'incarne, celle des sœurs Lunden, Nikki la chanteuse et Lora G la guitariste. Loin d'être une simple vitrine aguichante, les deux jeunes femmes sont l'âme du groupe dont elles composent tout le répertoire, secondées par trois musiciens s'effaçant derrière elles. Clés de voûte de l'édifice, les belles attirent les regards autant que les pavillons, sans jamais vraiment décevoir. Non sans talent, elles ferrent l'auditeur dès l'inaugural 'Love In Free Fall', hymne accrocheur idéal pour lancer l'écoute sous les meilleurs auspices, et ne plus le lâcher jusqu'au terminal 'It's About Time', titre solide bien que vierge de toute originalité. Entre les deux, une collection de chansons impeccables s'enchaînent sans que jamais l'ennui ne vienne pointer. Certes calibré, policé, l'ensemble séduit par ses mélodies élégantes ('The Savage Line'), sombres parfois ('Hear Me'), ses arrangements soignés ('American Stranger'), sachant éviter de patauger dans le sirop - aucune vraie ballade à l'horizon - pour miser au contraire sur des aplats énergiques, ce qui n'est forcément pas pour nous déplaire, illustré par des titres tels que '28IF (Without, Which Not)' ou 'The Light', emballés avec une gracieuse efficacité. Lunden Reign possède donc de sérieux atouts, à commencer par le chant de sa front woman, à la tessiture claire, puissante et avec juste ce qu'il faut de rugosité pour habiller le tout d'une couleur plus Rock que Pop. Il en découle un galop d'essai réellement plaisant sinon enchanteur bien que (trop) peu personnel pour considérer ses créatrices comme la révélation Rock made in L.A. que certains semblent voir en elles, mais dont on suivra avec un intérêt sincère la suite des aventures... 3/5 (2015)
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