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KröniK | Witch Mountain - South Of Salem (2011)


Deux périodes bien définies se dessinent dans la carrière de Witch Mountain, figure culte de la chapelle Doom US. La première court de sa naissance, en 1997, à 2003. Animée par le EP séminal Homegrown Doom puis surtout le galop d'essai longue durée Come The Mountain, elle impose le groupe qui malheureusement ne peut jouir bien longtemps de ce succès amplement mérité, pour les raisons habituelles (travail, famille...). Ce n'est qu'en 2009 que les Américains décident de remettre en route Witch Mountain, suite à la découverte de la perle rare. Son nom ? Uta Plotkin. Ils trouvent dans ce petit bout de femme (mais quel charme !) à la voix puissante, remarquée chez Aranya, la pièce qui manquait à leur Doom des cavernes dont le chant était assuré au début du groupe par le guitariste et co-fondateur (avec le batteur Nathan Carson), Rob Wrong. Tout en admettant que l'étrange, car juvénile, beauté de la nouvelle recrue n'est bien entendu pas étrangère à l'attirance que l'on peut désormais développer à son endroit, force est de reconnaître que le combo a eu le nez creux en l'embauchant. Moins Stoner façon fumette et (beaucoup) plus Dooooooommm, sa musique a eu le temps de vieillir comme un bon vin, gagnant en épaisseur, comme le confirme South Of Salem, tardive seconde offrande aux allures de nouveau départ après une décennie d'absence pendant laquelle nombreux sont ceux qui l'auront oublié. Avec le maître du son graisseux et sismique, Billy Anderson, derrière la console, l'album ne pouvait qu'être coulé dans la terre rocailleuse, celle de l'Oregon dont sont originaires ses auteurs, une terre lourde de laquelle est prisonnier un Doom Metal velu qui sent bon les forêts de séquoias, à l'image de ce "Wing Of The Lord", ultra Heavy, englué dans la boue et donc incapable d'enclencher la seconde. Gravé en 2010, South Of Salem est dans un premier temps publié sous la forme d'une autoproduction où sont ramassés six titres, parmi lesquels on retiendra déjà le massif "Hare's Stare" et ses douze minutes au jus, enclume qui voit Witch Mountain repousser les limites de la pesanteur. Le chant de Uta Plotkin, aussi imposant que son physique est frêle, confère à l'ensemble une touche vaguement bluesy franchement agréable. Les autres morceaux ne sont pas en reste. Mentionnons le tellurique "South Sugar", chauffé au soleil et résonnant au son d'une basse énorme, ou bien encore "Plastic Cage". Repéré par la tête chercheuse de Profound Lore, la galette est rééditée en février 2012 et enrichie de deux bonus, un court instrumental néanmoins excellent ("End Game") et une relecture à la sauce Plotkin de "Iron Long", qui figurait au menu de Come The Mountain. Cette dernière permet de mesurer l'écart qui existe entre le Witch Mountain originel, gentiment Stoner, et celui d'aujourd'hui, d'une puissance du feu de dieu. Et ce n'est rien en comparaison de Cauldron Of The Wild, troisième rondelle déjà mise en boîte et sortie dans la foulée (ou presque) qui propulse les Ricains vers des sommets... 3/5 (2012)


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