Agitation Free. Rarement un groupe n’aura aussi bien justifié son nom, un nom qui résonne comme une profession de foi : celle d’agiter, de secouer le rock dans un esprit de liberté débridée.
Si, contrairement à Klaus Schulze, Tangerine Dream, Amon Düül ou Ash Ra Tempel, Agitation Free est aujourd’hui un peu tombé au fond d’une oubliette, il n’en demeure pas moins qu’à l’époque – la première moitié des années 70 – le groupe se veut alors le point de convergence, dans l’antre des Beat Studios animé par le gourou Thomas Kessler, de toute la scène planante allemande. On y retrouve notamment l’organiste Michael Hoenig, auteur du magnifique Departure From The Northern Wasteland (1978) que l’on croisera plus tard aux côtés de Schulze ou de Manuel Göttsching, ainsi que le guitariste Lutz Ulbrich, un fidèle de ce dernier au sein de l’aventure Ash Ra Tempel. Après le chef-d’œuvre de l’avant-garde qu’est Malesch, publié fin 72, le groupe revient quelques mois plus tard avec une seconde cuvée, petit joyau de psychédélisme, à la fois aérien (l’immense diptyque "Laila") et expérimental (les bruitages étranges émaillant "Dialogue & Random").
Sur un substrat essentiellement instrumental – seuls "A Quiet Walk" et surtout "Haunted Island" sont colorés de lignes vocales -, parfois aux confins du jazz-rock (pour la rythmique éprise de transgressions), 2nd devrait faire jouir tous les amateurs et les nostalgiques de cette patine seventies inimitable (quel son d’orgue !) et malheureusement révolue qui, loin de le recouvrir d’une couche de désuétude lui confère un charme rafraîchissant. Et surtout, il y a ce sentiment de liberté, qui tient presque d’une forme de naïveté, irriguant ces morceaux, tous pourvus d’une durée conséquente, qui ont parfois des allures de jams. Aucune barrière, aucun carcan, aucun corset ne viennent jamais enfermer la musique dans une case bien délimitée, bien définie. Ainsi, ne trouve-t-on pas du bouzouki sur un titre (l’arabisant "A Quiet Walk") ? Virtuoses, les musiciens ne peuvent renier leur maîtrise, témoin ce véritable tonnerre de guitares et de synthétiseurs. Mais comme toujours à l’époque, elle est un outil plus qu’une fin en soi, au service de chansons qui peuvent se draper à l’occasion d’un voile émotionnel, à l’image du bouleversant "Haunted Island", dont le mellotron vous donnera des frissons, œuvre étonnement sombre, même si cette noirceur ne saurait surprendre car les paroles sont inspirées d’un texte d’Edgar Poe, écrivain pas vraiment réputé pour sa joie de vivre. Voilà donc une des pierres angulaires du rock planant allemand des années 70 qui mérite d’être (re)découverte d’urgence ! (2008 | Music Waves)
Si, contrairement à Klaus Schulze, Tangerine Dream, Amon Düül ou Ash Ra Tempel, Agitation Free est aujourd’hui un peu tombé au fond d’une oubliette, il n’en demeure pas moins qu’à l’époque – la première moitié des années 70 – le groupe se veut alors le point de convergence, dans l’antre des Beat Studios animé par le gourou Thomas Kessler, de toute la scène planante allemande. On y retrouve notamment l’organiste Michael Hoenig, auteur du magnifique Departure From The Northern Wasteland (1978) que l’on croisera plus tard aux côtés de Schulze ou de Manuel Göttsching, ainsi que le guitariste Lutz Ulbrich, un fidèle de ce dernier au sein de l’aventure Ash Ra Tempel. Après le chef-d’œuvre de l’avant-garde qu’est Malesch, publié fin 72, le groupe revient quelques mois plus tard avec une seconde cuvée, petit joyau de psychédélisme, à la fois aérien (l’immense diptyque "Laila") et expérimental (les bruitages étranges émaillant "Dialogue & Random").
Sur un substrat essentiellement instrumental – seuls "A Quiet Walk" et surtout "Haunted Island" sont colorés de lignes vocales -, parfois aux confins du jazz-rock (pour la rythmique éprise de transgressions), 2nd devrait faire jouir tous les amateurs et les nostalgiques de cette patine seventies inimitable (quel son d’orgue !) et malheureusement révolue qui, loin de le recouvrir d’une couche de désuétude lui confère un charme rafraîchissant. Et surtout, il y a ce sentiment de liberté, qui tient presque d’une forme de naïveté, irriguant ces morceaux, tous pourvus d’une durée conséquente, qui ont parfois des allures de jams. Aucune barrière, aucun carcan, aucun corset ne viennent jamais enfermer la musique dans une case bien délimitée, bien définie. Ainsi, ne trouve-t-on pas du bouzouki sur un titre (l’arabisant "A Quiet Walk") ? Virtuoses, les musiciens ne peuvent renier leur maîtrise, témoin ce véritable tonnerre de guitares et de synthétiseurs. Mais comme toujours à l’époque, elle est un outil plus qu’une fin en soi, au service de chansons qui peuvent se draper à l’occasion d’un voile émotionnel, à l’image du bouleversant "Haunted Island", dont le mellotron vous donnera des frissons, œuvre étonnement sombre, même si cette noirceur ne saurait surprendre car les paroles sont inspirées d’un texte d’Edgar Poe, écrivain pas vraiment réputé pour sa joie de vivre. Voilà donc une des pierres angulaires du rock planant allemand des années 70 qui mérite d’être (re)découverte d’urgence ! (2008 | Music Waves)
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