AU PIF

KröniK | Bran Barr - Sidh (2010)


Les chanceux à qui Les chroniques de Naerg il y a déjà dix ans, de cela avait donné envie de partir guerroyer un glaive à la main et une corne remplie d’hydromel dans l’autre, attendaient depuis, un deuxième album de Bran Barr avec une impatience insupportable. Or, il en aura fallu du temps aux Français pour pouvoir enfin livrer ce Sidh attendu comme le messie par tous ceux qui voient, à raison, en eux, une des meilleures formations oeuvrant dans le black metal inspiré des temps anciens. En effet, gravée entre 2005 et 2006, la galette est tout d’abord annoncée pour 2007.
Faute de label, celle-ci se voit repoussée. Un deal signé avec Det Germanske Folket nous fait ensuite espérer une sortie pour 2009. Las, un désaccord entre le groupe et l’écurie allemande la reporte encore un plus. Un an plus tard, le disque est enfin là, grâce à Trollzorn, qui récupère au passage le faux-frère jumeau de Bran Barr, Nydvind, dont la seconde offrande, Sworn To The Elders, a également subi des galères identiques. L’attente fut longue mais cela en valait la chandelle car l’équipe menée par le respectable et sympathique Richard Loudin, activiste bien connu au sein de la chapelle extrême hexagonale avec Despond ou Monolithe (extraordinaires tous les deux), se déleste d’une œuvre à la hauteur des espoirs placés en elle. Par rapport aux Chroniques de Naerg, le son et la composition ont gagné une ampleur phénoménale. La signature de Bran Barr, quant à elle, reste inchangée. Forgeant un black metal épique et guerrier dont les influences folkloriques et pagan n’en atténuent jamais la puissance sombre, le groupe prouve qu’il ne noue que bien peu de liens avec tous ces clowns en peau de bête qui croient qu’il suffit mettre un peu de bombarde entre deux blasts pour exalter les valeurs médiévales. Non, bien au contraire, Bran Barr n’oublie jamais d'où il vient. Bien que mélodique et (parfois) presque festif ("Revelation - In The Dominion Of Kernunnos", "Rebirth - Morgan’s Gift To Righ Sidh" nourri au heavy metal ), son art se pare d’atours sanglants et dévastateurs. "Son Of Nuadh Amhach" déploie ainsi d’entrée toute la brutalité granitique dont peut faire preuve le groupe. Chez lui, instruments traditionnels et effluves bretonnantes se combinent toujours à une plastique rapide et sévère (« Exile Of The Orphan »), également sculptée par un chant et des choeurs vikings guerriers et valeureux.Mais, ces longues épopées païennes sont comme des tertres contre lesquels vient se fracasser une tristesse profonde, témoin l’immense "Passage - Teh Curse Of The Manimal" (assurément le point d’orgue de l’album) » ou l’instrumental « The Call- Gathering The Tribes ». A l’instar du vétéran Stille Volk, dont il reprend d’ailleurs en guise de bonus « L’ode au lointains souverains » et bien que les deux groupes soient très différents, Bran Barr esquisse un monde médiéval noir et mystérieux, comme le démontrent l’inquiétant « Profediez » ou le long final « Jounrey - The Grand Quest For The Magical Acorn », le titre le plus black metal du lot quand bien même il est traversé par des passages folkloriques et acoustiques de toute beauté. Une réussite exemplaire donc, alliant puissance sauvage et touches païennes avec maestria et un retour éclatant dont on espère qu’il ne faudra pas attendre dix années supplémentaires pour en goûter la pérennité. 4/5 (2010)






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire