Duel est un groupe qui ne chôme pas. Trois albums plus un live, moulinés en l'espace de seulement quatre ans, témoignent de cette fertilité doublée d'une belle régularité.
La qualité étant à chaque fois au rendez-vous, nul ne s'en plaindra. Mieux, les Ricains semblent se bonifier au gré de ses enregistrements. Il suffit de mesurer le gouffre qui sépare "Fears Of The Dead", pourtant déjà bigrement prometteur, de "Valley Of Shadows" pour s'en rendre compte. Bien qu'encore jeune, ces Texans ne sont pas pourtant des puceaux du son burné puisqu'ils se sont réunis après que le guitariste (et désormais chanteur) Tom Frank et le bassiste Shaun Avants aient déserté les rangs de Scorpions Child. Si les deux formations partagent une même fibre seventies, la comparaison s'arrête là car au hard rock de son aîné, nourri aux légendes britanniques, Led Zep et Purple en tête, Duel préfère les sonorités sombres du proto doom (Black Sabbath) qu'il trempe dans un marais psyché creusée dans le sol américain, tandis qu'un chant bourru (bien que sonnant parfois de manière assez ozziesque) et une certaine rugosité le pousse du côté crasseux de Motörhead. Moins flamboyant et sophistiquée, plus brut et directe, se veut donc la musique du quatuor. Ce qui ne lui interdit pas d'aller cueillir des atmosphères veloutées ni de varier les plaisirs. Témoin donc ce "Valley Of Shadows" riche de multiples nuances, dense et immédiat à la fois.
Après l'énorme 'Black Magic Summer', amorce taillée dans le pur stoner mais percé par de nombreuses cassures, avec ses gros riffs et ses volutes rêveuses, l'opus s'installe tranquillement pour un périple désertique dont le guide reste avant tout la voix chaude de Tom Frank. L'homme nous entraîne à bord de sa puissante mécanique, rarement sur les chapeaux de roues ('Red Moon Forming'), plsu souvent plantées dans un sol lourd et caillouteux ('Tyrant On the Throne'), quand elle n'est quasiment pas à l'arrêt le temps de 'I Feel No Pain', fausse ballade gorgée d'émotion mais qui suit elle aussi une route sinueuse que bordent une guitare rugissante et des claviers discrets. Avec intelligence, chaque titre préfère les détours et les changements de caps à la ligne droite à l'image d'un 'Drifting Alone' dont la douceur indolente ne l'exonère pas de brusques coups de sang. Même constat avec 'Broken Mirror' où la grosse patte des deux guitaristes, jamais avares en éruptions orgasmiques, se mêle à des choeurs fédérateurs. La gratte forme d'ailleurs l'autre contrefort de ce stoner doom à la fois rude et onctueux, qu'elle corrode d'effluves heavy et psychédéliques. "Valley Of Shadows" n'illustre pas seulement les progrès réalisés par les Américains, cette troisième enclume affirme une signature très personnelle car tout en ambivalence, plombée mais soyeuse, sombre mais brûlée par le soleil, franche mais laissant ses compos respirer et arpenter des reliefs arides et meurtris. (18.05.2019)
La qualité étant à chaque fois au rendez-vous, nul ne s'en plaindra. Mieux, les Ricains semblent se bonifier au gré de ses enregistrements. Il suffit de mesurer le gouffre qui sépare "Fears Of The Dead", pourtant déjà bigrement prometteur, de "Valley Of Shadows" pour s'en rendre compte. Bien qu'encore jeune, ces Texans ne sont pas pourtant des puceaux du son burné puisqu'ils se sont réunis après que le guitariste (et désormais chanteur) Tom Frank et le bassiste Shaun Avants aient déserté les rangs de Scorpions Child. Si les deux formations partagent une même fibre seventies, la comparaison s'arrête là car au hard rock de son aîné, nourri aux légendes britanniques, Led Zep et Purple en tête, Duel préfère les sonorités sombres du proto doom (Black Sabbath) qu'il trempe dans un marais psyché creusée dans le sol américain, tandis qu'un chant bourru (bien que sonnant parfois de manière assez ozziesque) et une certaine rugosité le pousse du côté crasseux de Motörhead. Moins flamboyant et sophistiquée, plus brut et directe, se veut donc la musique du quatuor. Ce qui ne lui interdit pas d'aller cueillir des atmosphères veloutées ni de varier les plaisirs. Témoin donc ce "Valley Of Shadows" riche de multiples nuances, dense et immédiat à la fois.
Après l'énorme 'Black Magic Summer', amorce taillée dans le pur stoner mais percé par de nombreuses cassures, avec ses gros riffs et ses volutes rêveuses, l'opus s'installe tranquillement pour un périple désertique dont le guide reste avant tout la voix chaude de Tom Frank. L'homme nous entraîne à bord de sa puissante mécanique, rarement sur les chapeaux de roues ('Red Moon Forming'), plsu souvent plantées dans un sol lourd et caillouteux ('Tyrant On the Throne'), quand elle n'est quasiment pas à l'arrêt le temps de 'I Feel No Pain', fausse ballade gorgée d'émotion mais qui suit elle aussi une route sinueuse que bordent une guitare rugissante et des claviers discrets. Avec intelligence, chaque titre préfère les détours et les changements de caps à la ligne droite à l'image d'un 'Drifting Alone' dont la douceur indolente ne l'exonère pas de brusques coups de sang. Même constat avec 'Broken Mirror' où la grosse patte des deux guitaristes, jamais avares en éruptions orgasmiques, se mêle à des choeurs fédérateurs. La gratte forme d'ailleurs l'autre contrefort de ce stoner doom à la fois rude et onctueux, qu'elle corrode d'effluves heavy et psychédéliques. "Valley Of Shadows" n'illustre pas seulement les progrès réalisés par les Américains, cette troisième enclume affirme une signature très personnelle car tout en ambivalence, plombée mais soyeuse, sombre mais brûlée par le soleil, franche mais laissant ses compos respirer et arpenter des reliefs arides et meurtris. (18.05.2019)
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