Joyous Wolf est la nouvelle sensation en matière de gros son électrique, gorgé d'une énergie robuste et d'un jus bluesy. Ce sont quatre jeunes Californiens dont le gueulard Nick Reese et le cogneur Robert Sodaro qui se sont rencontrés sur les bancs de l'école.
Quatre gaillards dont l'amitié est cimentée par leur amour du rock avec un grand R, celui qui sent (un peu) sous les bras, qui donne l'envie aux garçons de sucer des bières et aux filles d'onduler en avalant le flot vocal d'un chanteur aussi remuant que sexy. La bonne fée Atlantic via Roadrunner s'est penchée sur leur cour de récréation, flairant la poule aux œufs d'or. A raison : tout y est (déjà) chez ces gamins : la force communicative, les compos forgées dans l'acier le plus pur, le look étudié mais pas trop, la spontanéité. Et le talent. Surtout le talent, pour écrire des hymnes instantanés et briller chacun à leur rôle, comme à la grande époque des années 70, à laquelle se réfère bien entendu Joyous Wolf. Reese s'époumone à la façon d'un Robert Plant ou d'un David Coverdale ('Undesired') et la rythmique enfile les habits épais d'un Mountain ('Mother Rebel'). Mais, avec leur son vintage sans être poussiéreux, les Américains ont soin de couler leur rock antédiluvien dans un moule puissant. EP long cependant de près d'une demi-heure, "Place In Time" est leur carte de visite.
Sept titres la remplissent. Prisonnier d'un socle lourd, 'Had Enough' lance l'écoute, réussissant à ferrer l'amateur en un peu plus de trois minutes où les vocalises haut perchées rivalisent avec une guitare trempée dans le blues. Plus lents se veulent 'Said Too Much' et le morceau éponyme, tous les deux redoutables et que sabre la six-cordes fougueuse de Blake Allard, généreuse en wah-wah humide. 'Quiet Heart', tour à tour écrasant et doux, et la ballade 'Feel The Low' offrent au chanteur l'occasion d'étaler ses prouesses et sa souplesse, aussi à l'aise qu'il est dans la tendresse que dans la force brute et couillue. Quant aux déjà cités 'Mother Rebel' et 'Undesired', le premier arbore des racines sudistes, le second brille d'un éclat bluesy et racé, combinant timbre de feu, saillies guitaristiques et rythmique bourrue. Fort de ce galop d'essai impeccable, écrin d'un rock 'n' roll à la fois robuste et moelleux, Joyous Wolf devrait très vite faire parler de lui. (18.05.2019 | Music Waves)
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