AU PIF

Alan J. Pakula | Klute (1971)
























Une fois n'est pas coutume, je vais commencer en parlant de moi. Quand j'étais adolescent, dans la seconde moitié des années 80, la télé se réduisait à trois chaînes mais les (bons) films y étaient très nombreux.

Les soirs passés devant l'écran, j'ai pu ainsi forger ma cinéphilie en bouffant des Eastwood, des Bronson, des McQueen, des Belmondo etc... Je me souviens avoir vu le Délivrance de Boorman, sur FR3, à 20h30 avec le fameux carré blanc dans un coin, chose absolument inconcevable aujourd'hui. C'est à cette époque que j'ai découvert Klute. Moi qui m'attendais à un polar urbain, j'ai alors été déçu. Il m'en a pourtant toujours resté quelque chose : la présence singulière de Sutherland et le souvenir d'un film hermétique à l'esthétique nocturne. Revu trente ans plus tard, son mystère demeure entier, de même que son pouvoir de fascination. Finalement, Klute est bien, à sa façon, un (néo) polar urbain, mettant en scène un New York froid et crépusculaire. Bizarrement, son héros n'est pas le détective mais la call girl campée par Jane Fonda dans un de ses plus beaux rôles et dont le portrait se révèle par petites touches au gré de l'enquête. Mais en cela,  Klute agit en révélateur, pénétrant la vie de cette jeune femme à la personnalité complexe. Avec ce deuxième long métrage, Pakula signe une relecture moderne du film noir des années 40 où l'intrigue importe moins que les personnages et les ambiances, que distillent des plans savamment découpées et une photo inquiétante de Gordon Willis, à laquelle s'ajoute la musique étrange de Michael Small. De fait, tout concourt ici à un climat vicié, presque toxique. Thriller psychologique, Klute témoigne enfin de la fascination de son époque pour la technologie mise au service d'un voyeurisme trouble. On notera enfin la participation de Roy Scheider qui enchaînera avec le French Connection de Friedkin. (Vu le 22/02/2018)







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