Barbie égarée dans un monde de freaks cher à un Rob Zombie, In This Moment a pendant longtemps été peu pris au sérieux. A force de travail et de nombreuses tournées, les Américains ont su pourtant conjuguer progressivement succès commercial et une personnalité plus affirmée qu'il n'y paraissait de prime abord.
Scellant une alliance avec le puissant Atlantic, "Black Widow" a confirmé en 2014 que le groupe méritait décidément mieux que l'imagerie un peu vulgaire véhiculée par Maria Brink, sa figure de proue dont la poitrine opulente n'a cependant d'égale que son indéniable charisme, voyant glisser le metalcore des débuts vers un metal certes toujours moderne et énergique mais désormais pourvu d'une architecture plus charpentée. Trois ans plus tard, "Ritual" vient souligner encore davantage cette maturité enfin acquise et à laquelle leurs détracteurs croyaient – à tort - qu'il n'accéderait pas. Corollaire de cette heureuse évolution, jamais le style façonné par les Californiens ne s'est paré d'un fard aussi sombre, quand bien même la joie de vivre n'est pas un sentiment qui a vraiment figuré un jour dans leur palette. Mais à l'univers décadent et sexuellement explicite de mise sur les disques précédents, la belle et sa bande privilégient cette fois-ci une noirceur plus adulte que leur a inspiré une visite à Salem effectuée par la vocaliste et sa famille durant l'automne 2016. La belle a décidé de montrer une autre facette de sa personnalité de femme, moins aguichante, plus posée et sensible.
La religion et la spiritualité comptent ainsi parmi les thèmes brassés par ce sixième album qu'écrasent des ambiances pesantes qui le rendent moins immédiat que ses devanciers, ce que certains ne manqueront sans doute pas de regretter, déçus de voir la panthère davantage ronronner que rugir, les griffes (trop souvent) rentrées. Ce registre sucré quoique toujours vénéneux, qui fait des merveilles sur des respirations telles que 'Twin Flames' ou 'No Me Importa', dicte une partition plus lente que de coutume qui débouche sur un résultat étonnant sur bien des points, à l'image du premier single 'Oh Lord', qui porte certes la signature reconnaissable de ses auteurs mais n'en surprend pas moins par ses atours reptiliens et ses boucles hypnotiques. Sans remiser les riffs gros comme des câbles à haute tension, il est cependant clair que le groupe a décidé de soigner les atmosphères, les émotions au détriment d'une puissance énervée qui au final couve davantage sous la surface qu'elle ne propulse des compositions aussi lascives que sinueuses quoique toujours catchy. Noyé sous les effets, le chant de Maria, riche d'une myriade de nuances, symbolise parfaitement cette mutation, tour à tour feutré ou agressif même s'il l'est de toute façon moins que par le passé. Il faut la voir répondre à Rob Halford lors de ce 'Black Wedding' explosif et inspiré de Billy Idol, pour mesurer l'étendue de son spectre vocal, rappelant plus que jamais quelle grande chanteuse elle est (devenue). S'il peut dérouter par sa lenteur et son choix d'agglomérer ses titres les plus doux en fin de parcours, "Ritual" n'en demeure pas moins le disque le plus abouti de ses créateurs, qui multiplient les arrangements electro ('Joan Of Arc') ou indus ('Witching Hour'), tissant une trame convulsive ('River Of Fire') et théâtrale souvent aventureuse qui les pousse même à se frotter au répertoire de Phil Collins dont ils offrent une relecture toute personnelle du 'In The Air Tonight'. In This Moment se fend d'un sixième opus qui n'est pas uniquement le plus sombre de sa carrière mais avant tout le plus élaboré, le plus adulte aussi, œuvre d'un groupe devenu grand. (21/08/2017 | Music Waves)
Scellant une alliance avec le puissant Atlantic, "Black Widow" a confirmé en 2014 que le groupe méritait décidément mieux que l'imagerie un peu vulgaire véhiculée par Maria Brink, sa figure de proue dont la poitrine opulente n'a cependant d'égale que son indéniable charisme, voyant glisser le metalcore des débuts vers un metal certes toujours moderne et énergique mais désormais pourvu d'une architecture plus charpentée. Trois ans plus tard, "Ritual" vient souligner encore davantage cette maturité enfin acquise et à laquelle leurs détracteurs croyaient – à tort - qu'il n'accéderait pas. Corollaire de cette heureuse évolution, jamais le style façonné par les Californiens ne s'est paré d'un fard aussi sombre, quand bien même la joie de vivre n'est pas un sentiment qui a vraiment figuré un jour dans leur palette. Mais à l'univers décadent et sexuellement explicite de mise sur les disques précédents, la belle et sa bande privilégient cette fois-ci une noirceur plus adulte que leur a inspiré une visite à Salem effectuée par la vocaliste et sa famille durant l'automne 2016. La belle a décidé de montrer une autre facette de sa personnalité de femme, moins aguichante, plus posée et sensible.
La religion et la spiritualité comptent ainsi parmi les thèmes brassés par ce sixième album qu'écrasent des ambiances pesantes qui le rendent moins immédiat que ses devanciers, ce que certains ne manqueront sans doute pas de regretter, déçus de voir la panthère davantage ronronner que rugir, les griffes (trop souvent) rentrées. Ce registre sucré quoique toujours vénéneux, qui fait des merveilles sur des respirations telles que 'Twin Flames' ou 'No Me Importa', dicte une partition plus lente que de coutume qui débouche sur un résultat étonnant sur bien des points, à l'image du premier single 'Oh Lord', qui porte certes la signature reconnaissable de ses auteurs mais n'en surprend pas moins par ses atours reptiliens et ses boucles hypnotiques. Sans remiser les riffs gros comme des câbles à haute tension, il est cependant clair que le groupe a décidé de soigner les atmosphères, les émotions au détriment d'une puissance énervée qui au final couve davantage sous la surface qu'elle ne propulse des compositions aussi lascives que sinueuses quoique toujours catchy. Noyé sous les effets, le chant de Maria, riche d'une myriade de nuances, symbolise parfaitement cette mutation, tour à tour feutré ou agressif même s'il l'est de toute façon moins que par le passé. Il faut la voir répondre à Rob Halford lors de ce 'Black Wedding' explosif et inspiré de Billy Idol, pour mesurer l'étendue de son spectre vocal, rappelant plus que jamais quelle grande chanteuse elle est (devenue). S'il peut dérouter par sa lenteur et son choix d'agglomérer ses titres les plus doux en fin de parcours, "Ritual" n'en demeure pas moins le disque le plus abouti de ses créateurs, qui multiplient les arrangements electro ('Joan Of Arc') ou indus ('Witching Hour'), tissant une trame convulsive ('River Of Fire') et théâtrale souvent aventureuse qui les pousse même à se frotter au répertoire de Phil Collins dont ils offrent une relecture toute personnelle du 'In The Air Tonight'. In This Moment se fend d'un sixième opus qui n'est pas uniquement le plus sombre de sa carrière mais avant tout le plus élaboré, le plus adulte aussi, œuvre d'un groupe devenu grand. (21/08/2017 | Music Waves)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire