AU PIF

Põhjast - Matused (2014)



















Quorton est mort il y a déjà dix ans mais son héritage perdure. Mieux, jamais il n'a été autant cité, autant copié, alors même que de son vivant Bathory n'intéressait presque plus grand monde, publiant ses dernières offrandes dans une indifférence polie.

Il en va donc tout autrement aujourd'hui en cela que le Suédois est quasiment devenu un genre à lui tout seul, ne comptant plus les albums à la "old Bathory" ou à sa façon épique et viking si personnelle. De tous les groupes qui ne cessent de se réclamer de son oeuvre, Põhjast reste un des meilleurs, collectif international fondé par deux membres de Loits et auquel le recrutement d'Eric Syre a donné un miraculeux coup de fouet, comme s'il était la pierre qui manquait à l'édifice. Si Thou Strong, Stern Death, sa première épopée, dévoilait une formation très influencée par un des principaux héritiers de Quorton, à savoir le Immortal dernière période, Matused s'abreuve quant à lui directement à la source, désormais moins Black et plus Heavy, bien que les Norvégiens ne soient parfois encore pas très loin ('The Final Lullaby'). Cette évolution commande deux changements notables entre les deux opus, changements qui ne vont d'ailleurs pas l'un sans l'autre. Le premier tient dans les traits presque doom qu'arbore aujourd'hui la musique sculptée par Põhjast. Le tempo se fait beaucoup plus pesant, témoin des enclumes de l'acabit de 'The Graveyard Keeper' ou 'Till Dawn, Till Death', tandis que certains titres ne dépareilleraient ainsi pas sur une vieille rondelle de Candlemass, la froideur rocailleuse des traits et la prise de son massive en plus. A ce titre, l'énorme 'In The Shadow Of The Glass Cross' se révèle être un pur joyaux de Doom majestueux. Le second et peut-être le plus saisissant réside dans le chant même du Canadien que nous n'aurions pas cru aussi à l'aise dans un registre plus clair, quoique toujours rude et couillu distillant le souffle sentencieux du grand nord ('November'). Sa voix rugueuse se fond admirablement dans ce style désormais plus envoûtant cependant que les guitares se veulent être le puissant burin taillant dans la roche des images de fjords éternels, à l'image de ce 'Rune Of Dissolution'que perfore un break ultra plombé implacable. Bref, imaginez le Bathory époque "Hammerheart", grondant de touches doom et vous aurez une idée plutôt juste de la teneur de ce Matused qu'il est permis de considérer comme le plus bel hommage offert depuis (très) longtemps à l'oeuvre du regretté Suédois et que seule sa trop courte durée empêche d'être le chef-d'oeuvre qu'il aurait pu être... (24.01.2015 | La Horde Noire)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire