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KröniK | Mantar - Ode To The Flame (2016)


Si certains se sentent obligés de démarrer en douceur avec une courte introduction qui installe l'auditeur dans l'ambiance désirée, Mantar n'en fait pas partie, crachant d'emblée sa lave goudronneuse en un geyser cataclysmique, érigeant un rempart saturé et inviolable. Le duo allemand n'a que faire des préliminaires et des douces caresses auxquels il préfère la brutalité de saillies qui font saigner les muqueuses. En deux minutes et trente et une secondes montre en main, 'Carnal Rising' nous rassure quant à la capacité toujours intacte de ses géniteurs d'arracher la tapisserie des murs en épais lambeaux sanguinolents. 


Désormais hébergé chez le puissant Nuclear Blast qui a flairé le bon coup, nous avions craint que Mantar soit alors tenté de diluer cette férocité explosive qui lui a permit en un seul album (mais quel album !), ce « Death By Burning » (2014) dont les cicatrices qu'il a creusé dans la peau ne se sont toujours pas refermées, d'accéder à la première division. Bien entendu, il n'en est rien, « Ode To The Flame » balaie ces craintes toutes relatives avec ses gros battoirs couverts de pics aiguisés. Plus lourd, plus méchant, plus colérique et plus inspiré encore, le tandem fait mieux que transformer l'essai, pulvérisant tout sur son passage tel un Atilla shooté à l'EPO. Mais Mantar, qu'est-ce que c'est , s'interrogeront certains ? Le groupe associe la lourdeur du doom, la tension du sludge et la violence crasseuse du hardcore, soit les trois côtés d'un seul et même triangle écrasant. Comme frotté avec du papier de verre, le chant est gorgé de sang, les guitares polluées sont rongées par une rouille corrosive et la rythmique rugueuse est prisonnière d'une gangue de terre ('Praise The Plague'). En dix titres qui s'enchaînent à une cadence infernale, les Teutons érigent un bloc étouffant dressé au milieu d'un sol dévasté et dont les racines s'enfoncent dans les entrailles charbonneuse d'une obscurité menaçante. Toutefois, si le tandem maintient fermement une lourde turgescence, imprimant tout du long une implacable intensité, « Ode To The Flame » n'est pourtant pas (tout à fait) le pilonnage en règle que son prédécesseur semblait promettre dont il n'égale certes pas la brutalité mais le surclasse par contre en terme d'écriture et d'ambiances mortifères que répandent des claviers sinistres («'The Hint', 'I Omen'). Accrocheur parfois et donnant envie en cela d'avaler les kilomètres à bord d'une lourde mécanique ('Cross The Cross'), ce menu trapu est le plus souvent comprimé par des tenailles coulées dans les aciéries d'Outre-Rhin. Une puissance souterraine pulse dans les artères de compositions qui raclent les chairs sans pour autant museler une agressivité épileptique qui gronde sous ces coups de pilons pétrifiés. Les traits affichés par Mantar n'en sont que plus que noirs. Tout en conservant leur force apocalyptique et rocailleuse, les Allemands signe un deuxième méfait qui ne fait que confirmer un potentiel monstrueux. En un mot : Bestial ! (2016) ⍖⍖⍖





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