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Messenger | Threnodies (2016)


Inlassables têtes chercheuses, le sort des petits labels est généralement de faire de belles découvertes qui par la suite décident de s'envoler vers d'autres cieux plus puissants qui leur offriront une exposition plus grande encore. Cela fait partie du jeu, le Finlandais Svart Records le sait bien. Après Hexvessel parti rejoindre le giron métallique de Century Media, choix dont il est permis de se demander s'il est vraiment pertinent (ceci est une autre histoire), c'est au tour de Messenger d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte et plus précisément, du côté d'InsideOut qui, pour le coup, semble être l'écurie toute trouvée où son rock atmosphérique tavelé de couleurs folks et progressives pourra s'épanouir et grandir. Reste que nous aurions aussi pu imaginer les Anglais sceller une alliance avec Kscope avec lequel ces derniers partagent non seulement une origine géographique commune mais avant tout une même sensibilité artistique. Dans le sillage évolutif de Steven Wilson ou du Anathema contemporain, le groupe façonne une musique d'une grande richesse émotionnelle que subliment de délicats arrangements, matériau noble dont l'élégance n'a d'égale que la chaleureuse mélancolie. Premier album remarquable, "Illusory Blues" nous l'a fait découvrir, son successeur confirmera-t-il ce beau potentiel ? A l'instar de son précieux devancier, "Threnodies" est irrigué par les lignes vocales, teintées de fébrilité, du guitariste Khaled Lowe, dont la voix est le pinceau servant à étaler les couleurs tragiques de compositions aux allures de tableaux de maître. Barnaby Maddick, son compère à la six-cordes, l'épaule avantageusement tandis que les trois autres musiciens complètent un décor où chaque instrument trouve sa place avec harmonie, des claviers moelleux de Dan Knight à cette section rythmique terreuse. Oscillant entre cinq et huit minutes, ces plaintes, au nombre de sept, témoignent encore une fois d'une écriture finement ciselée. Tout en progression, leur apparente simplicité cache en réalité des trésors d'atmosphères et une palette de détails qui n'émergent que peu à peu. Il suffit d'écouter l'inaugural 'Calyx', respiration tranquille sous la surface de laquelle couve une tension déchirante qui explose lors d'une seconde partie instrumentale du feu de dieu, pour prendre toute la mesure d'un talent qu'on devinait prometteur et qui est en réalité bien plus que cela : immense. Tout simplement. D'une foudroyante beauté, 'Oracles Of War' tutoie la perfection, creuset sinueux où se fondent vocalises appuyées ou plus romantiques, percées soyeuses et solo stratosphérique. Et que dire de ce 'Celestial Spheres' gorgé d'effets psyché. Les Anglais ne sont jamais aussi inspirés que lorsqu'ils laissent les émotions fleurir à la surface d'une partition intimiste, à l'image du squelettique 'Crown Of Ashes' et surtout 'Nocturne', respiration aux envolées douloureuses. Avec ce "Threnodies" de haute volée, Messenger fait plus que transformer l'essai, il inscrit son nom parmi les meilleurs groupes actuels en matière de rock atmosphérique. 4/5 (2016)


                                    

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