Cela faisait longtemps que nous n'avions plus eu de nouvelles de Indukti, l'un des fers de lance, avec Riverside, du metal progressif polonais... Depuis 2004 en fait et son premier jet, S.U.S.A.R., qui en a étonné plus d'un lors de sa sortie. Cinq années auront donc été nécessaires aux cinq musiciens pour lui offrir un successeur digne de ce nom, IDMEN, rite de passage d'une relative confidentialité à une reconnaissance incarnée par le soutien apporté par le meilleur revendeur du genre, Inside Out. Sentinelles foisonnantes, les longues pièces instrumentales "Sansara" et "Ninth Wave" encadrent avec superbe le menu de cette seconde cuvée. La première est une entame du feu de dieu qui synthétise avec brio tout ce qui fait la signature des Polonais : ossature puissante, lignes de violon un peu folles, ornements orientaux et sens de la démesure presque baroque. Dix minutes d'orgasme, dix minutes où les notes, les instruments se chevauchent pour former un pandémonium démentiel conduit par le touché tour à tour barré et vers la fin, plus émotionnel, de la violoniste Eva, dont la présence participe grandement de l'identité du groupe. "Ninth Wave", quant à lui, s'ouvre sur le chant des mouettes et sur une tristesse qui paraît insondable. Immédiatement, on sait que les notes y seront écrites à l'encre noire. Ce saxophone qui ondule, se déchire, vient ensuite confirmer cette impression première. Pourtant, peu à peu, le tempo prend de l'ampleur, s'accélère, devient frénétique. Cette plage sombre alors dans une folie contaminatrice et ce, en dépit des coupes lancinantes qui la fissurent. Mais toujours, il y a cette mélancolie sourde qui serpente au milieu de ces débris de guitares hallucinées. Entre ces deux balises grandioses, six titres, dont seule la moitié est parcourue par des lignes de chant assurées par des invités, se succèdent, tout aussi riches et envoûtants, à l'image du sombre "Tusan Homichi Tuvota", où la voix de N. Frykdahl transpire autant de spleen que celle de Daniel Gildenlow chez Pain Of Salvation. Voilà une entité à laquelle on est bien obligé de penser à l'écoute de cette charge de désespoir ou de l'hypnotique "And Who's The God Now", longue échappée aux multiples visages, assise sur un socle de martellement de batterie qui s'enfonce dans les méandres d'une noirceur pleine de dureté malgré les teintes orientales que l'on peut relever par moment. C'est un cri d'une grande violence, presque une forme d'abandon, de résignation avant que le morceau se mue en respiration incantatoire. Si "Indikted" et "Aemaet" sont deux instrumentaux puissants et virtuoses, bien que parfois peu aisé à suivre pour le premier, et zébré de passages hallucinants pour le second, dans la lignée de certaines compositions parmi les plus déglinguées délivrées par King Crimson, "Nemesis Voices", enfin, renoue le temps d'un format plus court avec des parties vocales, soulignées par les notes emplies d'étrangeté déversées par le violon. Ce n'est du reste pas le meilleur titre du lot. Voilà dans tous les cas une réussite incontestable à mettre à l'actif de Indukti qui confirme là tout le bien que l'on pensait de lui à l'époque de S.U.S.A.R., même si IDMEN ne sera certainement pas du goût de tous, ces Polonais ne développant pas une vision très orthodoxe du metal progressif. A découvrir, à tout le moins... 4/5 (2009)
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