L'étiquette "depressive black metal" que son auteur s'est vu coller sur le coin de la gueule, ne doit surtout pas vous tromper, Gryningsvisor ne noue que peu de liens avec l'art noir, suicidaire et même tout court. Quelques voix écorchées et une froideur brumeuse en constituent les fragiles oripeaux.
Bref, ceux qui espéraient trouver dans cette troisième offrande une corde à passer autour du coup en seront pour leur frais. En réalité, cet opus appartient à la même famille que les Kvelssanger d'Ulver et Songs Of Moors & Misty Fields d'Empyrium, sur un mode mineur cependant. Soit une expression boisée et mélancolique du genre où la beauté triste de paysages automnaux prime sur une noirceur agressive qui en est donc éconduite. Ethéré comme un pastel, Gryningsvisor peut de prime abord décevoir tant il s'apparente à une déambulation diaphane dont la durée (plus d'une heure) ne l'aide pas à faire son trou dans la mémoire. Par sa délicatesse de touche et son refus de forcer le trait, son menu nous semble presque insaisissable. Fantomatique et délavé, il est facile du coup de ne rien en retenir. Pourtant, il ne faut pas hésiter à le butiner pour en goûter sa précieuse intimité.
Peu à peu la magie opère, celle de ce chant féminin, assuré par Miranda Samuelsson, aussi spectral qu'ensorcelant (In It Natten, Her Mannelig). Les compositions qui l'accueillent sont parmi les plus belles - et donc les plus réussies - du disque, au point de regretter que la Suédoise ne figure là qu'en tant que simple invité. On se prend en définitive à rêver d'une collaboration durable entre le groupe et elle. Les lueurs forestières d'arpèges squelettiques aident également à nous guider dans ce voyage contemplatif et quasi intimiste (As The Northern Winds Cries). L'œuvre se dévoile progressivement au gré de complaintes propices à la solitude. La richesse des lignes vocales, tour à tour féminines donc ou rugueuses voire parlées, comme celle des arrangements (violon osseux, lyre celtique...) contrastent avec l'épure de ces pièces imbibées d'atmosphères désolées. Egrené par une guitare bucolique qui parfois grésille comme le réveil de lointaines racines black metal (Köldvisa), Gryningsvisor a quelque chose d'une errance blafarde où la partition désenchantée se confond parfois avec le shoegaze. Mais Ofdrykkja sait capter les couleurs nobles et glaciales des forêts suédoises figées par l'hiver ainsi que sa poésie vespérale. Le trio signe un troisième album dont la principale faiblesse (sa forme délavée et trop peu appuyée) est aussi sa plus belle qualité. Par sa tendresse élégiaque, Gryningsvisor n'est sans doute pas un pur album de black metal mais il en possède pourtant l'humus mélancolique et l'atmosphère résineuse. (11.12.2019 | La Horde Noire)
Bref, ceux qui espéraient trouver dans cette troisième offrande une corde à passer autour du coup en seront pour leur frais. En réalité, cet opus appartient à la même famille que les Kvelssanger d'Ulver et Songs Of Moors & Misty Fields d'Empyrium, sur un mode mineur cependant. Soit une expression boisée et mélancolique du genre où la beauté triste de paysages automnaux prime sur une noirceur agressive qui en est donc éconduite. Ethéré comme un pastel, Gryningsvisor peut de prime abord décevoir tant il s'apparente à une déambulation diaphane dont la durée (plus d'une heure) ne l'aide pas à faire son trou dans la mémoire. Par sa délicatesse de touche et son refus de forcer le trait, son menu nous semble presque insaisissable. Fantomatique et délavé, il est facile du coup de ne rien en retenir. Pourtant, il ne faut pas hésiter à le butiner pour en goûter sa précieuse intimité.
Peu à peu la magie opère, celle de ce chant féminin, assuré par Miranda Samuelsson, aussi spectral qu'ensorcelant (In It Natten, Her Mannelig). Les compositions qui l'accueillent sont parmi les plus belles - et donc les plus réussies - du disque, au point de regretter que la Suédoise ne figure là qu'en tant que simple invité. On se prend en définitive à rêver d'une collaboration durable entre le groupe et elle. Les lueurs forestières d'arpèges squelettiques aident également à nous guider dans ce voyage contemplatif et quasi intimiste (As The Northern Winds Cries). L'œuvre se dévoile progressivement au gré de complaintes propices à la solitude. La richesse des lignes vocales, tour à tour féminines donc ou rugueuses voire parlées, comme celle des arrangements (violon osseux, lyre celtique...) contrastent avec l'épure de ces pièces imbibées d'atmosphères désolées. Egrené par une guitare bucolique qui parfois grésille comme le réveil de lointaines racines black metal (Köldvisa), Gryningsvisor a quelque chose d'une errance blafarde où la partition désenchantée se confond parfois avec le shoegaze. Mais Ofdrykkja sait capter les couleurs nobles et glaciales des forêts suédoises figées par l'hiver ainsi que sa poésie vespérale. Le trio signe un troisième album dont la principale faiblesse (sa forme délavée et trop peu appuyée) est aussi sa plus belle qualité. Par sa tendresse élégiaque, Gryningsvisor n'est sans doute pas un pur album de black metal mais il en possède pourtant l'humus mélancolique et l'atmosphère résineuse. (11.12.2019 | La Horde Noire)
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