S'il est tentant de ne voir en lui qu'un énième rejeton du hard rock seventies, se contentant de faire du neuf avec du vieux, Kadavar mérite mieux que ce raccourci injuste car, derrière le son brut de décoffrage, toutefois plus soigné qu'il n'y parait, et l'énergie endiablée que libèrent des riffs ravageurs à défaut d'être novateurs, se cachent des artistes qui ont clairement une vision de leur art qui, contrairement aux apparences, trompeuses comme souvent, n'est pas immobile.
Ainsi, chaque album développe un univers, une esthétique qui lui est propre. "Berlin" se voulait plutôt sensuel, "Rough Times", plus macabre. Son habillage où les trois musiciens se détachent d'un décor transylvanien rapproche quant à lui "For The Dead Travel Fast" du premier Black Sabbath. Sa prise de son analogique, plus chaleureuse que celle de son devancier, participe en outre de cet ancrage plus affirmé encore dans le proto doom des années 70 dont il ravive l'aura fantasmagorique. Si cette imagerie horrifique héritée de la littérature victorienne et du cinéma bis des années 60 n'est donc pas nouvelle dans le hard rock et ses cousins (le stoner, etc.), au moins se fond-elle à merveille dans la musique que Kadavar forge avec une force à la fois brutale et moelleuse. Cet emprunt à l'épouvante gothique commande pour les Allemands un retour à la fois au heavy rock sous tutelle sabbathienne et au psychédélisme noir comme l'ébène, à la manière de leur première et cultissime offrande. De là sans doute la facilité avec laquelle on pénètre cette quatrième rondelle qui voit ses géniteurs renouer avec ces compositions d'anthologie dont ils avaient le secret à leurs débuts et qui s'était quelque peu dilué sur les deux disques suivants, malgré leur précieuse réussite.
'The Devil's Master', que précède l'introductif et malicieusement baptisé 'The End', et 'Evil Forces' ont quelque chose d'orgies sataniques, vicieusement rampante pour la première, plus nerveuse pour la seconde. Couplées à un 'Children Of The Night' presque échappé de "Sabbath Bloody Sabbath" pour cet alliage entre doom et progressif, ces saillies installent d'emblée "For The Dead Travel Fast" sur les bons rails, celui du fondateur opus éponyme. Est-ce à dire que Kadavar se répète et ne fait que regarder dans le rétroviseur ? Que nenni. Le tendre 'Dancing With The Dead', d'un romantisme morbide et théâtre d'une performance flamboyante de Lindemann, le très sixties 'Poison', au chant puissamment dramatique ou bien encore 'Demons In My Mind' à la fois spatial et abrupt, sans parler de ce 'Saturnales', épuré et bucolique mais gorgé de tristesse, démontrent que le groupe progresse, enrichit continuellement sa palette. Enfin, ce quatrième effort marque le retour à un format parfois plus généreux. La moitié du menu franchit la barre des cinq minutes, 'Long Forgotten Song' n'hésitant pas même à cavaler bien au-delà pour un résultat plombé et psyché tout ensemble. Selon son habitude, Kadavar donne l'impression de ne rien inventer, et pourtant comme toujours le charme opère, livrant avec "For The Dead Travel Fast" une œuvre à la fois proche de son galop d'essai et néanmoins détentrice d'une couleur qui lui est propre, réceptacle d'un proto doom occulte et évolutif. (17.11.2019 | Music Waves)
Ainsi, chaque album développe un univers, une esthétique qui lui est propre. "Berlin" se voulait plutôt sensuel, "Rough Times", plus macabre. Son habillage où les trois musiciens se détachent d'un décor transylvanien rapproche quant à lui "For The Dead Travel Fast" du premier Black Sabbath. Sa prise de son analogique, plus chaleureuse que celle de son devancier, participe en outre de cet ancrage plus affirmé encore dans le proto doom des années 70 dont il ravive l'aura fantasmagorique. Si cette imagerie horrifique héritée de la littérature victorienne et du cinéma bis des années 60 n'est donc pas nouvelle dans le hard rock et ses cousins (le stoner, etc.), au moins se fond-elle à merveille dans la musique que Kadavar forge avec une force à la fois brutale et moelleuse. Cet emprunt à l'épouvante gothique commande pour les Allemands un retour à la fois au heavy rock sous tutelle sabbathienne et au psychédélisme noir comme l'ébène, à la manière de leur première et cultissime offrande. De là sans doute la facilité avec laquelle on pénètre cette quatrième rondelle qui voit ses géniteurs renouer avec ces compositions d'anthologie dont ils avaient le secret à leurs débuts et qui s'était quelque peu dilué sur les deux disques suivants, malgré leur précieuse réussite.
'The Devil's Master', que précède l'introductif et malicieusement baptisé 'The End', et 'Evil Forces' ont quelque chose d'orgies sataniques, vicieusement rampante pour la première, plus nerveuse pour la seconde. Couplées à un 'Children Of The Night' presque échappé de "Sabbath Bloody Sabbath" pour cet alliage entre doom et progressif, ces saillies installent d'emblée "For The Dead Travel Fast" sur les bons rails, celui du fondateur opus éponyme. Est-ce à dire que Kadavar se répète et ne fait que regarder dans le rétroviseur ? Que nenni. Le tendre 'Dancing With The Dead', d'un romantisme morbide et théâtre d'une performance flamboyante de Lindemann, le très sixties 'Poison', au chant puissamment dramatique ou bien encore 'Demons In My Mind' à la fois spatial et abrupt, sans parler de ce 'Saturnales', épuré et bucolique mais gorgé de tristesse, démontrent que le groupe progresse, enrichit continuellement sa palette. Enfin, ce quatrième effort marque le retour à un format parfois plus généreux. La moitié du menu franchit la barre des cinq minutes, 'Long Forgotten Song' n'hésitant pas même à cavaler bien au-delà pour un résultat plombé et psyché tout ensemble. Selon son habitude, Kadavar donne l'impression de ne rien inventer, et pourtant comme toujours le charme opère, livrant avec "For The Dead Travel Fast" une œuvre à la fois proche de son galop d'essai et néanmoins détentrice d'une couleur qui lui est propre, réceptacle d'un proto doom occulte et évolutif. (17.11.2019 | Music Waves)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire