Si nous avons appris à nous méfier de l'étiquette "post black metal" qui ne signifie quand même pas grand chose, il arrive pourtant que de belles surprises émanant de ce sous-genre viennent frapper à notre porte. C'est le cas de Chernaa dont "Empyrean Fire" est le galop d'essai.
Premier album oblige, le groupe nous est encore peu connu, d'autant plus que ses membres, planqués derrières pseudonymes et visages floutées demeurent totalement anonymes en dehors de leur cage d'escalier. Et bien que basés à Prague, ils pourraient finalement venir de n'importe où, tant le metal noir qu'ils martèlent, n'affiche aucun stigmate identitaire si ce n'est peut-être une forme de noirceur brutale et cendreuse. Mais l'intérêt de cette offrande séminale ne réside ni dans le style auquel elle appartient ni à sa forme un peu inodore mais tout simplement dans la force tellurique qui gronde dans ses entrailles et le souffle mélancolique qu'elle répand. Avec ses quarante minutes au garrot, "Empyrean Fire" n'est pas très long mais cette durée trapue lui suffit pour dépeindre un monde en pleine déréliction, au bord d'un gouffre dont il ne reviendra pas. Technique et tendu comme le foc d'un navire, chacun de ses sept titres repose sur un maillage extrêmement dense, gonflée d'une intensité explosive. Mais à la froide agressivité s'accouple dans des profondeurs caverneuses une douloureuse beauté.
Le fruit de ces ébats prennent la forme d'un geyser sombre et émotionnel dont le spécimen le plus achevé demeure l'immense 'Ominous' lequel, en peu plus de six minutes, synthétise la manière dont Chernaa exploite avec une échevelée fureur mêlée d'un désespoir sourd un black metal dont la virtuosité ne l'exonère ni d'une implacable puissance et encore moins d'une dramaturgie poignante. Les furieux 'Pink Powder' ou 'Alice Syndrome' témoignent eux aussi de cette violence abrasive qui secoue tout du long cet opus. 'As I Succombed' ou 'Camus' dévoilent quant à eux la capacité de leurs auteurs à tricoter des atmosphères plus pausées, offrant à "Empyrean Fire" l'occasion de respirer entre deux tranchantes meurtrissures. Bloc de matière brute que sabrent des éclairs de tristesse, le superbe 'Discrepancy' achève de nous convaincre que Chernaa possède un terrifiant potentiel. Impétueux et dramatique, "Empyrean Fire" est un superbe album de black metal, œuvre d'un jeune pousse dont on suivra forcément de très près la suite des aventures. (04.08.2019)
Premier album oblige, le groupe nous est encore peu connu, d'autant plus que ses membres, planqués derrières pseudonymes et visages floutées demeurent totalement anonymes en dehors de leur cage d'escalier. Et bien que basés à Prague, ils pourraient finalement venir de n'importe où, tant le metal noir qu'ils martèlent, n'affiche aucun stigmate identitaire si ce n'est peut-être une forme de noirceur brutale et cendreuse. Mais l'intérêt de cette offrande séminale ne réside ni dans le style auquel elle appartient ni à sa forme un peu inodore mais tout simplement dans la force tellurique qui gronde dans ses entrailles et le souffle mélancolique qu'elle répand. Avec ses quarante minutes au garrot, "Empyrean Fire" n'est pas très long mais cette durée trapue lui suffit pour dépeindre un monde en pleine déréliction, au bord d'un gouffre dont il ne reviendra pas. Technique et tendu comme le foc d'un navire, chacun de ses sept titres repose sur un maillage extrêmement dense, gonflée d'une intensité explosive. Mais à la froide agressivité s'accouple dans des profondeurs caverneuses une douloureuse beauté.
Le fruit de ces ébats prennent la forme d'un geyser sombre et émotionnel dont le spécimen le plus achevé demeure l'immense 'Ominous' lequel, en peu plus de six minutes, synthétise la manière dont Chernaa exploite avec une échevelée fureur mêlée d'un désespoir sourd un black metal dont la virtuosité ne l'exonère ni d'une implacable puissance et encore moins d'une dramaturgie poignante. Les furieux 'Pink Powder' ou 'Alice Syndrome' témoignent eux aussi de cette violence abrasive qui secoue tout du long cet opus. 'As I Succombed' ou 'Camus' dévoilent quant à eux la capacité de leurs auteurs à tricoter des atmosphères plus pausées, offrant à "Empyrean Fire" l'occasion de respirer entre deux tranchantes meurtrissures. Bloc de matière brute que sabrent des éclairs de tristesse, le superbe 'Discrepancy' achève de nous convaincre que Chernaa possède un terrifiant potentiel. Impétueux et dramatique, "Empyrean Fire" est un superbe album de black metal, œuvre d'un jeune pousse dont on suivra forcément de très près la suite des aventures. (04.08.2019)
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