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Ancestors | Neptune With Fire (2008)



















Est-ce que vous vous êtes déjà demandé à quoi ressemblerait le fruit de la copulation fiévreuse et (à priori) contre-nature entre le doom gras US et le progressif planant à la Pink Floyd, sous l’œil noir et vicieux, bien que discret, du King Crimson de la grande époque ?

Vous avez du mal à imaginer, n’est-ce pas ? Pourtant, l’enfant existe bel et bien, ses parents l’ont baptisé Ancestors. Il lâche aujourd’hui son premier rôt. Structuré autour de deux (très longues) pistes, de 16 et 21 minutes environ, au socle quasi intégralement instrumental, Neptune With Fire est une sorte de magma en fusion, à la fois lourd comme le plomb et léger comme une bulle d’air. La première giclée, "Orcus Avarice" débute de manière classique, comme le ferait n’importe quel autre groupe de stoner doom de l’Oncle Sam, avec un chant sentant bon les Gitanes et le Jack Daniels et une rythmique de pachyderme. Puis, une fois la voix enfermée dans un placard, la musique s’envole peu à peu très haut, aux confins du rock psychédélique, guidée par des guitares noyées sous les effets. On a alors l’impression d’être HG Wells et d’avoir emprunté une machine à remonter le temps. Fermez les yeux : on s’y croirait.

Nous voilà propulsé au tout début des seventies. Avec ses accents prononcés de jam sous acide, ce quart d’heure américain cosmique est plus efficace que des heures de fumette avachi dans un pouf ; il vous attire dans un voyage hallucinogène envoûtant et infini. Et surtout d’une beauté à couper le souffle. Enfin, le chant rageur refait son apparition ; on a de nouveau les pieds sur terre. Le titre s’achève. Le second, "Neptune With Fire", est introduit par un son d’orgue qui dégouline et bave façon années 70. Le chanteur éructe, laisse peu après la place à des lignes vocales plus stoner. Puis, c’est reparti pour le trip stratosphérique. Un peu comme si David Gilmour se mettait au doom. Sur un substrat ancré dans la roche, les grattes dressent des paysages aériens insaisissables presque progressifs parfois ; elles tricotent des espaces suspendus dans le temps ouvrant vers des dimensions inconnues. Et quand des voix féminines surgissent, sur fond de claviers échappés d’un disque du Roi Cramoisi, c’est tout un pan de The Dark Side Of The Moon ("The Great Gig In The Sky") qui s’assemble. Frissons garantis. Alors certes, Ancestors n’invente rien et on peut s’interroger sur le rapport entre le visuel viking et une musique foncièrement prog psyché. Mais c’est justement en combinant ces influences diverses et à première vue antinomiques qu’il trouve sa singularité. Un groupe prometteur donc, à suivre de très très près. (2008 | Music Waves)


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