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KröniK | Spiders - Killer Machine (2018)


Le succès tant critique que commercial était promis aux Suédois. Fort d'un charme énergique, d'une science aiguisée de la ritournelle accrocheuse et propulsé par une chanteuse à la beauté vitaminée, il ne pouvait en être autrement. En l'espace de quelques années à peine, à grands coups de concerts humides et de rondelles, petites ou grandes, Spiders a naturellement rencontré son public, avide de hard rock vintage et de ce feeling old school généreux. Flairant le bon coup, le puissant Spinefarm ne s'y est pas trompé, signant rapidement la bande de Ann-Sophie Hoyles. Après la découverte ("Flash Point") puis la confirmation ("Shakin' Electric"), le groupe réussira-t-il l'étape ô combien cruciale du troisième album ? Inutile de tourner autour du pot plus longtemps, la réponse ne peut être qu'affirmative !

"Killer Machine" porte bien son nom, il est une véritable machine à tubes, dynamo endiablée crachant des mélodies acérées. En disciples appliqués des temps anciens, les Scandinaves gardent en tête que la durée idéale d'une galette reste celle imposée par le vinyle. Ce sont donc onze cartouches au format calibré, oscillant entre trois et quatre minutes chrono, qui remplissent un menu à l'ancienne, sans remplissage ni gras dedans. Du lard, il y en a pourtant dans ce rock alourdi par une rythmique rugueuse ('Like A Wild Child'), ce qui nous permet de rappeler que Spiders n'est pas qu'un minois aussi joli soit-il, car derrière la belle, ses compagnons abattent un travail de bûcherons ('So Easy') quand il n'est pas finement ciselé. Son manche tour à tour épais ou nerveux, on devine que le guitariste John Hoyles a été nourri aux grands maîtres des années 70, à commencer par Ritchie Blackmore dont l'ombre noire plane sur les soli les plus sauvages ('Swan Song'). Déjà détenteur d'une signature appétente qu'il n'a aucune raison de corriger, le groupe ferre sa proie dès ce 'Shock And Awe', entame ravageuse et sans fioriture qui lance l'écoute sur les chapeaux de roue. Pour inoculer dans nos veines son séduisant venin, il enchaîne les chansons galopantes telles que 'Take What You Want', 'Burning For You' ou 'Swan Song'. Il serait pourtant malhonnête d'affirmer que Spiders se contente de reproduire à l'identique la recette qui a fait son succès. En réalité, il la peaufine, la rend plus étoffée. "Killer Machine" appuie moins sur l'accélérateur que ses devanciers, comme si ses auteurs avaient cherché à ralentir le tempo pour prendre le temps de respirer ('Higher Spirits'), dévoilant du coup un rock certes toujours aussi mordant mais plus nuancé. Dans chaque piste se nichent là des percussions entêtantes, ici un solo flamboyant... Il suffit d'écouter l'immense 'Dead or Alive' ou le morceau éponyme pour noter les progrès réalisés par le quatuor en terme d'écriture. Baignant dans des effluves moelleuses, la (power) ballad 'Don't Need You', d'une lenteur veloutée et 'Heartbreak' qui ferme la porte avec son harmonica remuant et son solo lumineux, échappent quant à eux au patron que suit la majorité des titres des Scandinaves. Véritable shaker brassant proto hard rock, heavy metal et sleaze rock, "Killer Machine" est un disque qui fait du bien, rayonnant d'une énergie salvatrice. Ce faisant, il assoit encore un peu plus la domination d'Ann-Sophie et de ses comparses en matière de sons vintage. Ils n'inventent sans doute rien mais une telle générosité déborde de leur art que l'on ne peut qu'être heureux jusqu'à l'ivresse en le suçotant comme une friandise acidulée. (14/03/2018)


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