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KröniK | Lux - Super 8 (2017)


Votre serviteur ne pensait pas pouvoir un jour caser le nom des Rita Mitsouko dans une de ses chroniques. Celle de "Super 8", premier LP du tandem baptisé Lux, lui en offre pourtant l'occasion puisque derrière ce nom étrange se planque Sylvain Laforges qui a su remplacer sur scène la guitare (mais pas l'âme) de Fred Chichin aux côtés de Catherine Ringer. La parenté avec les auteurs de 'Marcia Baïla' s'arrête toutefois là même si la forme de ce nouveau projet, axé autour du duo que composent le guitariste avec la chanteuse Angela Randall pourrait laisser croire que la filiation ne se limite pas à une question de ressources humaines.
Mais l'Américaine n'est pas celle qui a commencé sa carrière dans un certain cinéma, sous la houlette de Burd Tranbaree et de Lasse Braun et Lux ne s'enracine pas dans le même terreau. Celui-ci se veut moins déglingué, plus tranquille, plus folk, quoique lui aussi très new-yorkais dans l'esprit.  Epaulé par le bassiste Julien Boisseau et le batteur Franck Ballier, le couple livre un premier album enchanteur, bien qu'une certaine amertume teinte des chansons telles que 'Hijack' ou 'Island', dont le pinceau est la voix profonde et poétique de la belle, que drape un voile suave. Elle guide cette partition paisible dont le pouls est un folk rock hypnotique (‘Horse’) qu'irrigue discrètement la six-cordes bitumeuse de son compagnon avec lequel la complicité saute aux oreilles. "Super 8" pourrait être la bande-son d’un road movie désenchanté des années 70 où des héros fatigués traversent les Etats-Unis en un voyage initiatique dont Angela serait la narratrice, tantôt onctueuse (‘Super 8’), sensuelle (‘Damaged’) ou bucolique (‘Rough Translation’). A la fois tranquilles et graves, ces chansons distillent une émotion fragile à fleur de peau, réceptacle de ce chant délicat et solaire dont le phrasé entêtant est rythmé par les accords électriques de cette guitare crasseuse. Ils sont comme seuls au monde, ouverts pourtant sur ce qui les entoure.  Mais lorsque, derrière le micro, la belle cède sa place à son comparse (sans jamais être très loin toutefois), la magie s’évapore tout à coup, le charme se trouve quelque peu brisé (‘Liquid And Fire’), même si la qualité demeure (‘While Waiting’). Toujours. Lux est une belle rencontre, livrant un recueil paisible et plein d'une fraîcheur salvatrice cependant ourlé d’un profond désenchantement. 3.5/5 (16/09/2017)






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