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KröniK | With The Dead - Love From With The Dead (2017)


En 2014, Lee Dorrian s'associait avec l'ancienne et cultissime section rythmique d'Electric Wizard au sein d'un nouveau (super) groupe baptisé With The Dead. Fruit de cette union dont nous étions nombreux à rêver depuis longtemps, l'opus éponyme fut à la hauteur de cette malfaisante copulation, œuvre démentielle dans son jusqu'auboutisme nauséeux à cheval entre le "Forest Of Equilibrium" de Cathedral et le "Rampton" de l'éphémère Teeth Of Lions Rules The Divine.
Si le départ de Mark Greening, pour d'obscures raisons, pouvait laisser craindre une fin prématurée car il n'était pas aisé de remplacer un batteur doté d'une telle présence animale, le groupe a depuis renforcé ses fondations en recrutant l'ancien Bolt Thrower Alex Adams derrière les fûts et, plus étonnant, le bassiste Leo Smee, longtemps compère du chanteur dans Cathedral, laissant du coup Tim Bagshaw se concentrer sur son jeu de six-cordes. C'est donc une formation rénovée, enrichie, qui a capturé "Love From With The Dead" à nouveau sous la houlette de Jaime Gomez Arellano, technicien incontournable dont le tableau de chasse laisse rêveur (Primordial, Altar Of Plagues, Ulver, Skepticism...). Après la communion vient le temps de la confirmation. Et quelle confirmation ! Si son aîné repoussait déjà les limites de l'audible, son successeur franchit encore un cran sur l'échelle de la noirceur la plus abyssale, excavatrice puissamment mortifère qui sonde les ténèbres en creusant de tentaculaires galeries jusque dans les profondeurs de l'indicible. Les Anglais annoncent tout simplement faire du doom, rien de plus. Pourtant, s'il se veut une incontestable leçon de lourdeur suffocante, cette seconde enclume est bien plus que cela en ce sens qu'elle renvoie tous les adorateurs du gros riff dans le bac à sable de la cour de récréation. A son écoute, il est même permis de se demander comment une telle musique a pu être enfantée tant son inhumanité est évidente. Elle laisse après son passage un champ de ruines où toute trace de vie est effacée, gommée. Annihilée. Monolithe cyclopéen dont dire qu'il est pétrifié tient du doux euphémisme, ce deuxième opus a quelque chose d'une interminable marche vers la mort, bathyscaphe ferrugineux qui s'abîme avec une lenteur douloureuse dans les enfers. Franchissant le Styx, tous les musiciens sont au diapason d'une négativité tellurique, le compteur Geiger devenu fou. Œuvre sévère et autarcique constamment au bord de la rupture, "Love From With The Dead" se mérite, véritable Golgotha vicié dont parvenir au bout relève d'une forme de flagellation sacrificielle. Aucune lumière salvatrice ni lueur d'espoir ne viennent briser cet élan morbide aux allures de vagues noires comme l'encre qui se fracassent contre des récifs meurtris dressés dans une nuit brumeuse. En étalant ses sept minutes prisonnières d'une gangue de mazout, 'Isolation' suffit déjà en ouverture à clouer au sol toute velléité de mouvement dans une inexorable putréfaction. A ce dégré de lourdeur pachydermique, ce n'est même plus une chape de plomb qui s'abat mais la surface de la terre elle-même en un gigantesque séisme qui emporte tout, entraînant dans les tréfonds tous les vestiges de l'humanité. L'album se poursuit en une symphonie sinistre puisant dans des couleurs apocalyptiques identiques. 'Egyptian Tomb' ou 'Cocaine Phantoms' font trembler les arcs-boutants de cette cathédrale hantée sous leurs suffocants coups de pilon. Si on croit avoir atteint avec 'Watching The Ward Go By', long râle poissé de sang, l'ultime marche conduisant au sabbat, il n'en est pourtant rien en comparaison du terminal 'CVI' qui, du haut de ses 17 minutes au garrot, est un pandémonium reptilien définitif dans son implacable agonie, gouffre sans fond aux parois vertigineuses après lesquelles ne s'accroche aucune espérance et dont les dernières mesures bruitistes gravitent aux confins d'une folie gangreneuse. Avec "Love From With The Dead", les Anglais franchissent une étape supplémentaire dans le malsain le plus asphyxiant, signant un recueil sinistre qui brille d'une beauté nécrophile. Aller plus loin encore dans l'immobilité lugubre étant impossible, on se demande comment le groupe pourra lui survivre... 4/5 (15/08/2017)






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