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KröniK | Asagraum - Potestas Magicum Diaboli (2017)


Si cela ne saute pas nécessairement aux oreilles, sachez que Asagraum n'est composé que de femmes, au nombre de deux, fait assez rare dans le black metal, pour intriguer et donner envie de s'intéresser à son cas. Sans inspiration, cette féminité n'aurait toutefois pas permis au groupe de dépasser le statut de simple curiosité. Or, malgré la présence de ces deux mercenaires de l'art noir que sont Trish (batterie) et Obscura (tout le reste), on n'oublie vite que ses membres appartiennent au -soi-disant – sexe faible tant les belles redoublent d'une fureur glaciale qui n'a rien à envier à celle que leurs homologues masculins peuvent déployer, ce qui est tout à leur honneur.
Ce n'est donc pas pour rien que le duo a très vite été remarqué grâce à une seule démo cassette deux titres prêtant allégeance aux Grands Anciens scandinaves. Ainsi, « Potestas Magicum Diaboli » est une ode aux forces ténébreuses dont les huit rituels renouent avec la luxuriance froidement sinistre du métal noir des années 90, coulant les atmosphères gelées et minérales des Norvégiens dans le creuset à la fois mélodique et tranchant de la chapelle suédoise. Avec cette oeuvre nocturne, nos deux sorcières ne cherchent donc nullement à révolutionner un genre qu'elles honorent avec une morbide dévotion. Torrentiel et lancinant tout ensemble, leur art déroule le décor étiré de sabbats qu'enveloppent des ambiances malsaines tel un suaire occulte. A travers ces paysages escarpés galopent des guitares impétueuses, dissonnantes, dont les attaques suinte une beauté aussi ensorcelante que funèbre. En ouverture, 'Transformation' envoûte autant qu'il racle la peau avec ses riffs froids comme la roche en hiver et ses vocalises de gargouilles enrouées aux allures de suppliques démoniaques. Le reste brûle du même bois, bûcher où crépitent atmosphères obsédantes et cavalcades meurtrières. De cet ensemble frissonnant et crépusculaire au format resserré, émergent des autels ténébreux à l'image de 'Black Temple', où les belles s'offrent au Grand Bouc ou le plus sombre encore 'Dar Ik Sterf' que vrille cette six-cordes venimeuse comme expulsée des enfers. Si les mélodies ne sont toutefois jamais sacrifiées ('Gospel Of Ignition'), c'est un véritable blizzard (beasts) qui souffle des relents de magie noire (le malsain 'I Burn Within The Devil'). Alternant lenteur rampante et vélocité implacable, « Potestas Magicum Diabili' pactise avec les unholy force of evil et ce faisant ravive l'esprit du black metal des années 90, d'une froide brutalité. 3.5/5 (30/08/2017)






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