A force de tourner aujourd'hui un peu n'importe quoi, on en viendrait presque à oublier que Mocky a réalisé un paquet de (très) bons films. Dans une veine romantico-anarchiste, L'albatros ne compte pourtant pas parmi les plus cités, il s'avère toutefois un des plus aboutis de son auteur lequel, sans se défaire de sa spontanéité coutumière, qui n'est alors pas encore synonyme de je m'en foutisme, signe une oeuvre désespérée. A la dénonciation contestataire de moeurs politiques dégueulasses se superpose un second récit, étonnamment tragique qui le rapproche du polar américain. Le réalisateur plonge son couple maudit, frappé du sceau de la fatalité, dans une Moselle lugubre et hivernale, qui participe d'un romantisme froid et terreux. Dans un rôle initialement envisagé pour Bourvil, Mocky incarne un héros aussi magnifique que fatigué qui semble tout du long hanté par la mort. En se sacrifiant pour une femme pour laquelle il ne ressent même pas de l'amour, il trouve le salut, cherchant à capter un bonheur envolé.
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