Nous avions découvert Idre en 2014 avec sa première offrande éponyme de (très) bonne mémoire où un post metal tentaculaire s'accouplait avec un doom atmosphérique terreux. Trois ans plus tard, le trio américain nous revient (enfin) avec "Unforgiving Landscapes". Si de par son visuel, dépouillé et austère, que remplit un paysage désolé, et son architecture déroulant deux pistes au format démesuré, il noue des liens évidents avec son devancier, ce deuxième voyage s'en distingue pourtant par une dimension plus rituelle voire quasi chamanique comme s'il puisait sa sève dans les profondeurs de la terre qui l'a vu naître, enfonçant ses racines noueuses dans un sol pétrifié.
Un son presque caillouteux l'enrobe tel une croûte épaisse, qui à la fois lui confère une teinte plus doom encore et participe de cet aspect sentencieux, cérémonie crépusculaire que président des instruments prisonniers d'une gangue froide et organique. Lointain, le chant résonne comme un écho spectral avalé par la nuit. Rappelant le (trop) méconnu Worm Ouroboros, Idre étend une trame presque immobile dont la lenteur (faussement) paisible se marie à une mélancolie souterraine qui pulse sous la surface de ces longues pièces aussi squelettiques qu'hypnotiques, aux allures de tertres émotionnels. C'est toute une géographie qui prend forme peu à peu, charriant des images pétries de solitude et de désolation. Les Américains prennent leur temps pour sillonner ce socle terreux qu'ils sculptent comme un totem en l'honneur de divinités oubliées sous les coups de boutoir d'une prolifération urbaine. "Unforgiving Landscapes" est une ode à la nature sombre et éternelle dans les entrailles de laquelle survivent l'âme et la mémoire d'une terre qui a disparu, enseveli par l'homme destructeur. Le groupe dépeint ces paysages, pesants et vrillés par une sourde tension dont on sent qu'elle va exploser mais qui ne décharge jamais vraiment sa semence torrentielle. 'Gold & Crude' étire ainsi ses vingt minutes de plus en plus pulsatives, suivant un chemin inexorable qui semble ne jamais vouloir mourir. Chant en apnée et guitares poussiéreuses gravitent autour d'un gouffre sans fin comme suspendus dans le temps et dans l'espace cependant que des rouleaux de batterie se fracassent contre un relief menaçant dressé dans la nuit. D'une durée équivalente, 'Prison Skin' est tout d'abord bercé par de faibles psalmodies avant de voir ses traits se durcir par une sécheresse granitique. S'ouvre alors un long segment qui a quelque chose d'un rituel où les voix ne sont que des murmures échappés de crevasses que sculptent une trinité guitare/basse/batterie connectée au coeur de la terre et constamment au bord de la rupture. "Unforgiving Landscapes" voit Idre peaufiner son art, hypnotique et abrupt, pesant et atmosphérique. 35.5/5 (2017) | Facebock
Un son presque caillouteux l'enrobe tel une croûte épaisse, qui à la fois lui confère une teinte plus doom encore et participe de cet aspect sentencieux, cérémonie crépusculaire que président des instruments prisonniers d'une gangue froide et organique. Lointain, le chant résonne comme un écho spectral avalé par la nuit. Rappelant le (trop) méconnu Worm Ouroboros, Idre étend une trame presque immobile dont la lenteur (faussement) paisible se marie à une mélancolie souterraine qui pulse sous la surface de ces longues pièces aussi squelettiques qu'hypnotiques, aux allures de tertres émotionnels. C'est toute une géographie qui prend forme peu à peu, charriant des images pétries de solitude et de désolation. Les Américains prennent leur temps pour sillonner ce socle terreux qu'ils sculptent comme un totem en l'honneur de divinités oubliées sous les coups de boutoir d'une prolifération urbaine. "Unforgiving Landscapes" est une ode à la nature sombre et éternelle dans les entrailles de laquelle survivent l'âme et la mémoire d'une terre qui a disparu, enseveli par l'homme destructeur. Le groupe dépeint ces paysages, pesants et vrillés par une sourde tension dont on sent qu'elle va exploser mais qui ne décharge jamais vraiment sa semence torrentielle. 'Gold & Crude' étire ainsi ses vingt minutes de plus en plus pulsatives, suivant un chemin inexorable qui semble ne jamais vouloir mourir. Chant en apnée et guitares poussiéreuses gravitent autour d'un gouffre sans fin comme suspendus dans le temps et dans l'espace cependant que des rouleaux de batterie se fracassent contre un relief menaçant dressé dans la nuit. D'une durée équivalente, 'Prison Skin' est tout d'abord bercé par de faibles psalmodies avant de voir ses traits se durcir par une sécheresse granitique. S'ouvre alors un long segment qui a quelque chose d'un rituel où les voix ne sont que des murmures échappés de crevasses que sculptent une trinité guitare/basse/batterie connectée au coeur de la terre et constamment au bord de la rupture. "Unforgiving Landscapes" voit Idre peaufiner son art, hypnotique et abrupt, pesant et atmosphérique. 35.5/5 (2017) | Facebock
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