Où termine l'hommage et où commence la copie ? Telle est la question que ne manquera pas de soulever une galette comme "Hologram", la troisième que livre StoneRider après un "Three Legs Of Trouble" publié en 2008, suivi quatre ans plus tard par un "Fountains Left To Wake" de bonne mémoire. Comment ignorer en effet que ces Américains ont sans doute un peu trop tété les mamelles des années 70, notamment celles qui font couler à flot un jus floydien toujours aussi intarissable. Il suffit d'écouter 'Your Chains' dont l'éveil progressif peut difficilement ne pas évoquer 'Shine On Your Crazy Diamond' ou bien le titre éponyme qui semble s'être échappé de "Dark Side Of The Moon" pour s'en convaincre, cependant que 'Dayrunner' est pourvu d'une accroche qui elle aussi ne peut cacher ses faux-airs de 'La Grange'. De fait, il existe deux manières d'aborder ce disque. Soit on estime que les emprunts de ses auteurs sont (trop) gros comme des câbles à haute-tension. Soit on décide de faire fi de ces influences certes difficilement contestables, pour se concentrer sur le plaisir, immense et jubilatoire, que procure son écoute. Il va sans dire que c'est la seconde option que nous privilégions car, là aussi, comment résister à ces envolées soyeuses que répandent guitares gorgées de feeling et claviers chaleureux qui dégoulinent de toutes parts ? Impossible à moins d'être sourd ou de faire preuve d'une évidente mauvaise foi. Si son nom possède des relents de désert, StoneRider ne noue donc aucun lien avec une scène stoner à laquelle ses deux premiers efforts ont paru vouloir l'arrimer. Troquant avec "Hologram" un fuselage caillouteux pour une prise de son plus aérienne sinon plus veloutée, les Américains larguent les amarres pour accoster les rivages délicats d'un rock psyché plus que jamais mâtiné de progressif, gagnant du coup une épaisseur instrumentale dont on ne les croyait pas autant capables. Corollaire de cette maturité enfin acquise, les compositions du groupe déroulent un canevas d'une richesse insolente et d'une classe qui l'est tout autant. L'enchaînement de 'Your Chains' et de 'Undertow' qui, mis bout à bout voisinent alors avec les vingt minutes au compteur, témoigne de cette dimension inédite, tissant une trame pulsative nimbée d'effluves duveteuses. Volubile, l'orgue de Noah Pine étire une tenture juteuse qui s'accouple avec la six-cordes stratosphérique de Matt Tanner dont le chant est le pinceau d'une émotion voilée d'amertume. Quand ils sont plus courts, les titres se veulent plus accrocheurs mais non moins envoûtants, tels que 'Sleepwalking Awake' et 'Elevator Operator'. Avec "Hologram", StoneRider franchit un cap, artisan d'une musique désormais moins stoner, plus progressive mais surtout franchement orgasmique ! 4/5 (2016)
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