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Clint Eastwood | L'hommes des hautes plaines (1973)


En quelques mots : Baroque et violent, misanthropique et narcissique, "L'hommes des hautes plaines" est le second film de Clint Eastwood réalisateur et le premier western qu'il met en scène. A première vue, le film ressemble beaucoup aux westerns de Sergio Leone dont il pourrait être un lointain cousin. La musique, influencée par Morricone, le personnage joué par Clint, un homme solitaire, mal rasé, laconique et tueur sans pitié contribuent à cette impression. De même, par son histoire (une ville fait appel à un homme fort pour protéger ses habitants face à l’arrivée imminente de trois bandits), il s’inscrit dans un cadre westernien classique. Puis peu à peu, le film prend une autre direction et dévie de son sujet de départ, ce que Eastwood aime particulièrement faire. La menace que constituent les hors-la-loi devient presque secondaire par rapport à la façon dont ce mystérieux cavalier devient maître de la ville. Les villageois lui ayant proposé d’obtenir tout ce qu’il désire à condition qu’il les protège, il prend un malin plaisir à les humilier, à dépouiller leur chère petite ville, à violer leurs femmes. On comprend vite que le cavalier est là pour se venger. On se rend vite compte aussi qu’il y a peu de personnages positifs (hormis le rôle de Verna Bloom). Clint joue un homme plein de morgue et de haine, obsédé par la vengeance et qui traite les femmes comme des putains. Cette figure d’ange exterminateur est d’ailleurs présente dans tous les westerns qu’il a mis en scène. Les villageois constituent quant à eux un ramassis de lâches, préférant fermer les yeux plutôt qu’agir. L’affection de Clint Eastwood pour les marginaux, les minorités apparaît aussi, à travers les Indiens auxquels son personnage offrent des couvertures, les Mexicains qu’il n’invite pas au banquet afin qu’ils ne se fassent pas tuer et le nain qu’il nomme à la fois shérif et maire, sans doute plus par dérision que par véritable sympathie. Ce film possède également un aspect fantastique très prononcé, et que l’on retrouvera dans "Pale Rider". La ville, Lago, est rebaptisé Hell (enfer) et repeinte en rouge, avant de brûler par les flammes d’un feu purificateur (comme souvent dans les films d’horreur). Sa situation géographique, pour le moins insolite, au bord d’un lac, concourt également à créer un climat étrange aux confins du surnaturel. Enfin, le héros ( ?) est-il un fantôme ? Ou bien n’est-il que le frère du shérif Duncan fouetté à mort, comme le suggère la version française ? Eastwood est toujours resté on ne peut plus vague à ce sujet, préférant que chacun se fasse sa propre opinion.


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