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Fréquence Sombre | Vulnerant Omnes Ultima Neckat (2016)


Ils sont trois, se prénomment Guillaume, Julien et Chris, viennent de la région parisienne, de Sèvres plus précisément et on les imagine bien monter sur scène, tranquillement, brancher leurs outils et balancer la purée. Sans prétention mais non sans puissance. Leur style ? Nerveux, acéré, intense et instrumental. C'est du rock et du meilleur. Voilà. Fréquence Sombre évoque (forcément) un peu Karma To Burn avec lequel il partage cette même énergie féroce et surtout ce sens du riffing de bûcheron identique. A l'instar de leurs aînés ricains, les Français savent aussi ne jamais ennuyer, exécutant des saillies certes taillées pour le live mais néanmoins écrites avec une précision d'orfèvres car toutes en progression et en harmonies. A aucun moment l'absence de chant ne se fait sentir, preuve supplémentaire du talent effronté de ce trio dont la carte de visite creuse dans la peau et dans la mémoire de profonds stigmates. Du haut de ses 27 minutes au garrot, « Vulnerant Omnes Ultima Necat » se présente comme un EP gonflé aux hormones noires d'un stoner à la fois direct et sensuel, trapu et galopant. Cinq titres suffisent au groupe pour esquisser un art d'une intensité orgasmique qui procure la gaule des grands jours à celui qui l'écoute. 'Rotting Stones', le premier d'entre-eux, écarte les cuisses avec une sinueuse énergie, multipliant les décharges sismiques en un grand-huit émotionnel. Car il y a toujours en filigrane une tristesse sourde qui ourle ces pulsations aux allures de rampes de lancement, suint mélancolique qui les ronge d'une manière insidieuse. A l'exception peut-être de 'Mister Pickles', cavalcade ramassée que perfore toutefois lors de ses ultimes mesures une éruption hyper heavy, aucun titre n'emprunte vraiment le chemin qu'on pense le voir suivre. De fait, à la ligne droite, Fréquence Sombre préfère un tracé plus impétueux et magnétique. De 'Police Python', qui en un maillage serré, traverse un paysage aux reliefs morcelés au 'Neuvième Cercle', piste terminale que secouent de lents et pulsatifs coups de boutoir, sans oublier 'Snooper' qui s'achève sur un geyser électrique sur fond de rouleaux de batterie rocailleuse, « Vulnerant Omnes Ultima Necat » déroule un menu extrêmement addictif et d'une dimension quasi cinématographique dans sa façon d'ouvrir les vannes d'une énergie frondeuse. Et au final, plus que de Karma To Burn, c'est de Monkey3 dont le groupe se rapproche sans doute le plus, sans que la comparaison  soit embarrassante. Deux guitares, une batterie, du bruit, du plaisir et de la sueur, tel est en définitive Fréquence Sombre, un nom dont on reparlera très vite à coup sûr... (2016)


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