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Dolentia | Iniciação Eversiva (2015)


Etonnamment (ou non), c'est peut-être bien au Portugal que survit encore l'esprit du Black metal originel, terre écartelée entre soleil et noirceur où pullulent les hordes obscures qui semblent ne faire qu'une avec la nuit. Dolentia n'est pas seulement l'une d'entre elles, il s'agit surtout d'un des prêtres les plus inspirés de cette chapelle lusitanienne dont il symbolise parfaitement le credo d'une froide cruauté. Après trois années de silence, qu'un  solitaire petit 7' (un live qui plus est) partagé avec son compatriote Satanize a brisé, l'entité est enfin de retour, offrant un successeur au séminal "Sob A Egide Das Sombras". Avec sa quarantaine de minutes au jus, toutefois rallongée d'un bon quart d'heure dans sa version CD, ce second méfait palpite d'une intensité cryptique qui jamais ne débande, il arbore une pureté de traits comme de ton qui fait de lui un gemme noir, brillant d'un éclat sinistre qu'aucun kyste ni artifice ne viennent à aucun moment diluer. Prise de son primitive bien que toujours tranchante, loin de la bouillie sonore souvent de rigueur dans le True Black derrière laquelle aiment à se planquer les médiocres - ce qui n'est donc pas le cas de Dolentia dont les membres et notamment l'ancien cogneur d'Inthyflesh ne pataugent jamais dans la semoule - et accordage grésillant définissent un art aux lignes décharnées. En dépit de leur (relative) longueur, ces pulsations ne sont ni paresseuses ni léthargiques, ainsi à des années-lumière d'un art noir dépressif dont elles épousent cependant la sombre aura,  galopant au contraire à une cadence démoniaque, quand bien même les mid-tempos n'effraient pas les Portugais, témoins la lancinante partie médiane déchirant 'A Noite' ou le break cisaillant l'inaugural et monumental 'Voragem', sans doute le meilleur titre du lot. Reste que c'est en dressant une verge dure et véloce que Dolentia se montre le plus impérial. Là réside son identité, agressive et glaciale, fielleuse et survoltée mais néanmoins obsédante.  Oeuvre profondément crépusculaire, "Iniciaçao Eversiva" rassemble six plaintes dont une piste instrumentale à mi-parcours, en un retable maléfique d'où émane une absolue négativité comme venue du fond des âges. Ce faisant, l'opus témoigne de cette semence evil et terrifiante qui coule dans les veines de ses géniteurs. Bref, on tient là encore une fois, une grande offrande d'un Black Metal d'une admirable authenticité. (2015)


                                         

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