On peut toujours faire confiance à I, Voidhanger pour défendre une certaine vision de l'art noir, évolutive et (souvent) passionnante. Mare Cognitum, la dernière signature de cette sous-division d'ATMF ne déroge pas à cette règle immuable, entité palpitant d'une sève aussi progressive que prolifératrice. Ce one-man band californien n'en est pas pour autant à son coup d'essai, déjà auteur de deux précédentes offrandes et d'un split partagé avec Spectral Lore. Ces quelques détails associés à un son superbe visuel, sont les précieux indices quant à la teneur de ce Phobos Monolith tentaculaire. Cosmique et mangeur d'espace, cet opus décolle très haut vers des sphères célestes où l'homme n'a pas sa place, oeuvre démiurgique venu des profondeurs d'un trou noir. Constituée de quatre (très) longues pistes, celle-ci aurait pu paraître difficile d'accès, ardue à pénétrer. Elle aurait aussi pu s'essouffler en cours de route, ce genre de format épique n'étant pas donné à tout le monde. Or il n'en est rien. Mieux et osons le crier très fort, Phobos Monolith se pose d'emblée comme un monument de Black Metal atmosphérique. A son écoute, il est permis de penser un peu à Agalloch, pour la voix du seul maître des lieux, le dénommé Jacob Buczarski, la dimension folklorique et automnale en moins. Ceci dit, une certaine tristesse ourle ces compositions priapiques, notamment 'Noumenon', titre plus posé que le reste du menu galvanisé par une énergie comme venu de la fin des temps. Sa première partie justifie à elle seule sa découverte. L'album s'ouvre en effet sur les 13 minutes de 'Weaving The Thread Of Transcendence', périple fantastique aux multiples aplats. Après une lente et instrumentale entame belle à pleurer qui étend un tapi d'ambiances doucement mélancoliques, le ton se durçit et le titre démarre finalement pour dresser une grandiose érection vers les étoiles. Soulignée par des nappes de claviers aux accents cosmiques, la guitare galope, traçant dans la terre de majestueux sillons. Propulsé par des blasts stroboscopiques, 'Entropic Hallucinations' braconne sur les terres froides et mécaniques des Darkspace et autre Borgne, pour un résultat aussi beau que cataclysmique. Si, du haut de 15 minutes au compteur, le terminal 'Ephemeral Eternities', ceint de touches plus ambient, n'évite sans doute pas quelques longueurs, ce maigre défaut ne grève en rien l'impressionnante réussite de Phobos Monolith tout du long envoûtant dont chaque écoute donne aussitôt envie de remettre le couvert., marque des grands albums s'il en est... (2015)
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