Si la scène métal hexagonale semble (enfin) vouloir s’imposer à l’étranger sans avoir à rougir de la concurrence, suite au succès de groupes tels que Gojira, Eths ou à l’aura de sa chapelle noire (Nehëmah, Blut Aus Nord, Angmar et bien d'autres encore), il y aura toujours une tradition plus modeste, plus artisanale, mais non moins intéressante bien que moins exposée, qui continuera à se développer en parallèle. Cette tradition, héritée des années 80, est celle des Killers, Malediction, Messaline… et celle de Gang justement. Défenseur d’un thrash métal coulé dans le creuset du heavy depuis une vingtaine d’années déjà, le collectif de Champagne-Ardenne fait partie de ces soldats de l’ombre qui, en dépit d’une reconnaissance qui tarde à venir, n’ont jamais baissé les bras, enquillant les disques et les concerts pour le plaisir des fans et surtout pour le sien. Ce cinquième album, qui succède à Dead Or Alive publié en 2007, mouline de fait un métal à l’ancienne, nerveux et mélodique, qu'habillent des guitares qui ont le goût de l’authentique. Bien entendu, d’aucuns argueront que la prise de son affiche des carences en terme de puissance, alors qu’en matière de thrash, ce défaut ne pardonne généralement pas. Certes, face au gros son d’un Annihilator ou d’un Exodus, le fuselage de cette galette tient plus de la série B mais s'avère épais et sans afféteries. Qu’importe, les compositions tiennent la route, on sent bien que les mecs ont du métier à défaut de moyens cependant que Bill, le chanteur, outre le fait de posséder un bel organe (vocal), n’a heureusement pas une prononciation anglaise qui fait mal aux oreilles. Dans ce choix de privilégier la langue de Shakespeare plutôt que celle de Molière (sauf exception) réside d'ailleurs une part de la personnalité du groupe au sein d'un créneau où le contraire se révèle plus fréquent. Le Gang galope entre agressions heavy aux lointains relents punk ("Never Enough"), périples lourds qui lui sied plutôt bien ("Believer, Betrayer", "Skull's Out Of Genocide","Sacrifice", chanté en français et aux harmonies de guitares façon NWOBHM) et cartouches qui avalent les kilomètres en fonçant pied au plancher ("Overdose"). Sorte de power-ballade, plutôt agréable du reste, "Kill Me" fait office de coupure, de trêve entre ces titres assez agressifs, que les six-cordes contribuent à durcir encore davantage ("Into The Silence Of The Sea"). Un disque sans prétention, à prendre pour ce qu’il est, un bon exemple d’une certaine tradition française, simple, efficace et décontractée, de la part d'une équipe qui mérite le respect. 2.5/5 (2010)
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