Silencieux depuis trois ans et un premier album éponyme, nous pourrions bien sur affirmer que nous attendions avec impatience le retour de Emrevoid. Ce que nous ne ferons pas, pour la simple et bonne raison que ce groupe italien nous était encore inconnu jusqu'à la découverte de "Riverso". Avons-nous rater quelque chose ? Au regard de ce dernier, il est bien possible en effet que cela soit le cas, concentré d'une brutalité à la fois technique et viscérale. Sans chercher à exagérer le talent de ce quatuor, force est d'admettre que celui-ci impressionne par sa vigoureuse maîtrise d'un genre qui ne pardonne pas la médiocrité. De quel genre s'agit-il d'ailleurs ? A question simple, réponse qui l'est beaucoup moins en cela que Emrevoid brouille constamment les pistes, ce qui n'aide à son étiquetage. Ce qui est tout à son honneur. Ainsi, à la place du death black annoncé prolifère un Metal extrême protéiforme. Bien que EP d'une vingtaine de minutes, "Riverso" présente une densité digne d'une rame de métro parisien aux heures de pointe. D'un format toujours resserré, ces six compos dressent une tension qui jamais ne se ramollit. Chacune d'entre elles, même 'Mostro' (une minute 37 au compteur !), déploient des trésors d'inventivité qui les rendent non seulement passionnantes mais surtout puissamment alambiquées, autant de courts dédales au maillage ultra serré et aux nombreuses strates qui se chevauchent. La complexité du death y copule avec la intensité fiévreuse du black pour un résultat aussi dissonant qu'ambitieux. L'inaugural 'Patibilo' illustre parfaitement la signature des Italiens, déflagration qui tabasse d'abord tout sur son passage avant de changer de visage en cours de route au moment où est entamée une vicieuse décélération tandis que le chant se fait plus grave. 'Il Tuo Disegno' est fait du même bois avec ses breaks malsains qui le lacèrent de part en part et que vrillent des riffs sinueux. Moins véloce se veut en revanche 'Obbedianzassenza', pesant mid-tempo que secouent toutefois de brutales éruptions d'une semence rageuse. Fort de ce méfait impeccable, il est à souhaiter que Emrevoid ne patiente pas trois années supplémentaires avant de revenir nous faire saigner les orifices. Car on en redemande et vite ! 3/5 (2014)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire