Curieuse – et décevante pour certains – trajectoire que celle de Code, au départ un groupe extraordinaire auteur d’un premier album – « Nouveau Gloaming » – incarnant à lui seul, le renouveau justement, d’un art noir à la fois évolutif et féroce, ambitieux et crépusculaire mais à l’arrivée, une formation de (quasi) metal progressif vaguement arrimée au Black Metal qui semble avoir perdu en route plus que son fabuleux chanteur, le grand Kvohst, parti baguenauder avec son Hexvessel du côté d’un Dark Folk bucolique mais surtout son âme et ce, nonobstant les qualités intrinsèques de « Augur Nox ». A l’écoute de son successeur, on mesure non pas que ce troisième opus fut un second chapitre comme nous étions alors nombreux à le penser mais une oeuvre charnière, transition entre des débuts sous le sceau du metal noir et une évolution vers une musique plus progressive (ce qu’elle a certes toujours été) sinon atmosphérique. De fait, si son prédécesseur laissait encore affleurer à sa surface les lointaines racines extrêmes de son principal auteur, le guitariste Aort, par ailleurs bassiste chez les doomeux d’Indesinence, « Mut » largue franchement les amarres pour accoster des terres qui, bien qu’encore belles et réussies, se noient dans un notable manque de personnalité. Le chant de Wacian, bien qu’excellent, n’est sans doute pas pour rien dans cette singularité en berne tant ses lignes vocales font parfois plus qu'évoquer celles d’un Daniel Gildenlöw (Pain Of Salvation), comme l’illustre notamment un titre tel que ‘The Bloom In The Blast’. Il y a pire référence, bien entendu, pour autant, alors qu’il forgeait dix auparavant un art qui n’appartenait qu’à lui, Code parait désormais loucher vers ce rock mélancolique, quoique toujours un peu tordu, (trop) à la mode. Ceci dit, « Mut » possède au final presque plus de charme voire de réussite que « Augur Nox », grâce à un menu serré et très bien fait qu’émaillent nombre de perles aux allures de travail d’orfèvre, parmi lesquelles nous pouvons citer le magnifique ‘Dialogue’, puissamment émotionnel, ‘Inland Sea’, le percussif et déglingué ‘Affliction’ sans oublier ‘Undertone’. En outre, comme le laisse deviner le temps anormalement court qui ses deux dernières livraisons, on sent que les Anglais ont trouvé depuis quatre ans et un nouveau line-up désormais parfaitement en place, un second souffle, gagnant en énergie intimiste ce qu’ils ont perdu en personnalité. Et puis tant pis si ce n’est plus vraiment le même groupe et si quelques ayatollahs fans de la première heure font la gueule… 3.5/5 (2015)
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