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KröniK | Alda - :Tahoma: (2011)


On ne dira jamais assez tout le bien qu'il faut penser de cette scène noire nord-américaine née, pour faire simple, dans le sillage d'Agalloch, très certainement un des groupes les plus influents (et talentueux, ce qui ne va pas toujours de paire !) apparus depuis quinze ans. Addaura, Alda, Blood Of The Black Owl sont quelques une de ces entités dont l'inspiration s'ancre, non pas dans un terreau satatique et blasphématoire mais dans une humus culturel et mythologique, celui de ces montagnes, de ces forêts où les éléments ne s'expriment pas de la même manière que de l'autre côté de l'océan atlantique mais non sans une beauté de laquelle perle une mélancolie terreuse. Originaire de Tacoma dans l'état de Washington, Alda synthétise les traits d'un Black Metal dont les accents acoustiques n'altèrent en rien une violence déchaînée. Par le biais de longues échappées d'une dizaine de minutes en moyenne, les Américains développent un art atmosphérique puisant dans un sombre folklore, celui d'une nature noble, empreinte de majesté.

L'inspiration est donc identique à celle qui coule dans les veines des hordes du vieux continent, basée sur la glorification de la terre ancestrale, la peinture d'une nature sauvage et l'exaltation d'une culture pré-chrétienne. C'est la façon de l'exprimer qui diffère. Ainsi, oeuvre à la fois contemplative et abrasive, :Tahoma:  mêle avec brio percées lumineuses et torrents grésillants au sein de titres épiques qui respirent les forêts de conifères. S'ouvrant sur longues introduction égrenée par des accords champêtres qu'accompagnent des choeurs qui semblent venir du fond des âges, "In The Wake Of An Iron Wind" déroule ensuite un canevas véloce, zébré de riffs ferrugineux entêtants, avant de mourir sur de arpèges boisers beaux comme un chat qui dort. Ne gommant jamais ces racines Black Metal qui, noueuses, dominent le paysage, Alda touche pourtant au sublime lorsqu'il insiste sur les aplats acoustiques d'un art à travers lequel bat le coeur de cette nature nord-américaine au pouvoir d'évocation immense. Durant plus de onze minutes, "Shadow Of The Mountain", ne résonne quasiment qu'au son d'une guitare sèche et d'une voix chamanique tandis que des imprécations indiennes l'achèvent. Souvent employé comme un choeur, chez Alda, le chant se fond dans un tout quasi instrumental que strient quelques bribes de paroles, témoin la monumentale sentinelle baptisée "Wandering Spirit" qui boucle l'écoute, pulsation fleuve dont la seconde partie déploie des paysages infinis et obsédants. Durant près d'un quart d'heure, les Américains réussissent à capter l'âme de ces montagnes rocheuses et l'esprit qu'elles abritent. Magnifique. Sous la bannière d'un Black Metal naturaliste chargé d'atmosphères, Alda signe avec Tahoma une oeuvre passionnante de bout en bout, presque méditative et parcourue d'un souffle spirituel sombre. (25/04/2013) ⍖⍖⍖


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