Que reste-t-il aujourd'hui, près de quinze ans après son explosion, du gothic dark metal à la norvégienne ? La réponse fait peur. Entre un Tristania qui cherche ses marques suite au départ de sa charismatique chanteuse Vibeke Stenne, un Theatre Of Tragedy relégué en seconde division, un Sirenia qui tend à se confondre avec un Within Temptation du pauvre ou un The Sins Of Thy Beloved dont on attend toujours depuis 9 ans un troisième essai : pas grand chose donc. Alors qu'on le croyait perdu au fin fond des égouts, Trail Of Tears est quant à lui encore là pour permettre à la flamme de briller encore un peu. Mais pour lui aussi, l'âge d'or semble bien loin. Pourtant, à sa décharge, reconnaissons que le groupe a tenté, certes avec une réussite mitigée, de s'extraire des invariants du genre en faisant appel à un second chanteur, en la personne du talentueux Kjetil Nordhus (ex-Green Of Carnation) en lieu et place d'une Castafiore de bas étage. Las, les deux albums défendus par cette combinaison inédite, Free Fall Into Fear (2005) et Existentia (2007), faute d'excellentes compositions, ont en fait contribué à précipiter ses auteurs dans l'ornière de l'indifférence générale. Sans doute Ronny Thorsen, l'homme qui tient fermement la barre du navire, a-t-il compris la leçon et a-t-il donc décidé de revenir à la formule qui fit jadis son succès. Qui plus est face à la déroute de ses anciens compagnons de genre, quoi de mieux que de proposer le disque que les fans - il en reste apparemment encore quelques uns - attendent ! Aucune prise de risque, aucune surprise à espérer de cette nouvelle galette Bloodstained Endurance, depuis la production made in Soundsuite Studios de Terje Refsnes en passant par le retour de la soprano Catherine Paulsen qui avait remplacé, d'une manière plutôt convaincante du reste, Helena Iren Michaelsen sur le très bon A New Dimension Of Might en 2002. Ceci étant, cette sixième offrande se pose certainement comme ce que Trail Of Tears a malgré tout offert de meilleur depuis des lustres. Les dialogues entre chant masculin dark et vocalises féminines haut perchées sont certes téléphonés mais la revenante possède une voix suffisamment puissante et personnelle pour emporter l'adhésion. Plus important encore, le groupe semble avoir retrouvé la clé de l'inspiration, comme en témoignent ces onze titres, assez courts (guère plus de quatre minutes en moyenne), denses et sombres. "The Feverish Alliance", "Once Kissed By The Serpent (Twice Bitten By Truth)" ou bien "The Desesperation Corridors" balisent ainsi le menu de quelques flamboyances que l'on croyait perdues. Ni trop pompeux ni vulgaire, les Norvégiens s'en sortent avec les honneurs. Ils ne recevront certainement pas une palme d'or mais un prix spécial pour service rendu à la cause gothique n'est pas exclu. Les amateurs seront heureux de ce retour inespéré... 3/5 (2010)
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