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KröniK | Ash R Tempel - S/T (1971)


Si l’œuvre de Klaus Schulze n’est plus à présenter, beaucoup ignorent en revanche qu’avant de se lancer dans une carrière solo réussie, il a participé à quelques groupes, éphémères ou non : Psy Free tout d’abord, Tangerine Dream (le temps de la profession de foi Electronic Meditation) ou bien encore Ash Ra Tempel. Bien qu’il soit à l’origine de ce dernier, c’est surtout à son guitariste Manuel Göttsching que le projet reste associé.
Pas totalement satisfaits de leurs précédentes expériences musicales, Tangerine Dream pour Schulze, le Steeple Chase Blues Band pour le second, groupes qui bridaient un peu trop leur créativité, les deux musiciens, accompagnés du bassiste Hartmut Enke décident donc de former Ash Ra Tempel, leur laboratoire sonore ouvert sur l’absolu. Durant trois jours, en mars 1971, le trio s’enferme dans un studio à Hambourg et grave ce qui demeure encore aujourd’hui, l’une des pièces maîtresses du rock planant allemand des années 70, baptisé tout simplement Ash Ra Tempel. A l’écoute de ces deux longues plages entièrement instrumentales, on comprend mieux pourquoi Klaus Schulze a quitté le groupe de Edgar Froese (quoique Zeit ou Alpha Centauri restent dans leur genre assez arides). En effet, ce premier galop d’essai est une pièce unique et novatrice qui s’affranchit de toutes les règles, notamment celles dictées par les canons anglo-saxons de l’époque. Elle témoigne de la liberté totale qui guide alors ces trois musiciens. Difficilement descriptible, le disque débute par “ Ambrose ”, d’une durée qui avoisine les vingt minutes, fusion monstrueuse entre la batterie en provenance de la Quatrième dimension de Schulze, également en charge des synthétiseurs avec Göttsching et la guitare infernale de ce dernier. Il s’agit d’un magma sonore bouillonnant lâchant un torrent de sons qui semblent venir d’une autre galaxie. Et que dire de l’inquiétant “ Traummaschine ” (plus de 25 minutes au compteur !), dérive ambient interminable et cosmique qui ne ressemble à rien de connu. Ce morceau débute sur un long crescendo uniquement guidé par une six-cordes opaque et des effluves électroniques, puis rejoint peu à peu par des percussions hypnotiques, tandis que la guitare s’élève de cette masse noire aux contours flous. Cette complainte nous donne l’impression d’être dans un caisson qui dérive dans l’espace. Aucun groupe n’était alors allé aussi loin dans l’expérimentation musicale tandis qu’avec sa Gibson, Manuel Göttsching tisse des lignes mystérieuses inédites à nulle autre pareil. Curieusement, Klaus Schulze fera le choix de quitter peu après Ash Ra Tempel car il a deviné que c’est uniquement seul qu’il pourra donner libre cours à sa créativité débridée. Le groupe continuera donc sans lui, quand bien même le guitariste et lui collaboreront souvent par la suite, soit au sein de ce projet (Join Inn, Friendship) qui deviendra progressivement la chose de Manuel, soit avec les Cosmic Jokers, soit enfin durant la carrière solo du claviériste (Tonwelle sous le nom de Richard Wahnfried, In Blue). Cet essai éponyme est un jalon essentiel de l’évolution du rock des quarante dernières années. 4/5 (2009)





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