Plus encore peut-être que son prédécesseur, The Call Of The Wretched Sea qui s'était installé dès sa publication en 2006 sur le trône du Funeral doom et dont l'impact avait été annoncé par les deux préludes que furent The Stream et The Oath, The Divinity Of Oceans était attendu comme le messie par tous les fidèles de cette religion de la douleur et ce, d'autant plus qu'il aura donc fallu patienter près de trois ans avant de pouvoir s'abîmer dans ses sombres arcanes. Ceux qui espéraient une simple suite conforme à son aîné, creusant ainsi un sillon identique en seront pour leur frais.
Daniel Droste et Chritian Hector ont pris leur temps pour peaufiner leur art, le faire évoluer. Là où The Call Of The Wretched Sea impressionnait par sa puissance tellurique, sa colère sourde et la profondeur de l'espace que ses compositions occupaient, parfaite transposition du Moby Dick d'Herman Melville, ce deuxième essai se veut beaucoup plus atmosphérique, plus posé. Mais ce qu'il perd en furie ténébreuse aussi déchainée que la baleine au centre de son récit, il le compense par une beauté décuplée. L'ensemble se pare toujours d'autant de noirceur mais le groupe a choisi cette fois-ci une forme d'expression plus travaillée, apaisée et presque contemplative. Certains diront peut-être, plus accessible. Il est vrai que le chant clair de Droste se glisse fréquemment au sein de ces longues pistes à la lenteur engourdissante, témoins ces lignes survolant "O Father Sea" ou bien "Yet Another Raft Of The Medusa" tandis que les guitares, bien que prisonnières d'une gangue de tristesse, s'élèvent par moment très haut, à l'image de l'entame de "Redemption Lost", qui plus est un des morceaux les plus mélodiques de ce menu maritime malgré le durcissement de ton à mi parcours. De même, l'immense "Tombstone Carousel" s'achève sur un long passage atmosphérique et presque poétique. Riche d'une épaisseur très dure, le son enrobé par Markus Stock, avec lequel les deux têtes pensantes du navire avaient déjà travaillé, sur l'excellent Nordlys de Midnattsol, est consistant ; il est l'écrin idéal pour ce Funeral doom massif et terrassant. Si à première vue, il pourra décevoir ceux qui s'attendait à un nouveau leviathan aussi colossal que tragique, en fait, The Divinity Of Oceans réclame attention et nombre d'écoutes pour pénétrer son âme. Peu à peu, le travail remarquable façonné par Ahab se dévoile, finit par s'ouvrir tel un coquillage mystérieux. Bien que lancinantes et pesantes à l'extrême, les compos, tout en progression et se dirigeant toujours vers une issue irrévocable, sont parcourues par des aplats multiples ; elles sont le théâtre d'aventures tourmentées. Le groupe prend son temps pour installer des ambiances envoûtantes, comme l'illustrent par exemple "Nickerson's Theme" ou "Gnawing 's Bones". Cet album parvient à capturer ce qui fait la beauté de l'océan, sa mélancolie profonde. Refusant la stagnation, les Allemands, tout en conservant leur identité et leur thème, proposent une oeuvre franchement différente de leur galop d'essai, peut-être encore plus belle aussi et ce faisant, grave encore une pièce majeure à la gloire du Funeral doom. On sent chez eux une vision précise de leur art, qualité qui les distingue du tout venant de cette chapelle funéraire dont certains artisans confondent trop souvent autisme des atmopshères et canevas monolithique. (2009) ⍖⍖⍖
Daniel Droste et Chritian Hector ont pris leur temps pour peaufiner leur art, le faire évoluer. Là où The Call Of The Wretched Sea impressionnait par sa puissance tellurique, sa colère sourde et la profondeur de l'espace que ses compositions occupaient, parfaite transposition du Moby Dick d'Herman Melville, ce deuxième essai se veut beaucoup plus atmosphérique, plus posé. Mais ce qu'il perd en furie ténébreuse aussi déchainée que la baleine au centre de son récit, il le compense par une beauté décuplée. L'ensemble se pare toujours d'autant de noirceur mais le groupe a choisi cette fois-ci une forme d'expression plus travaillée, apaisée et presque contemplative. Certains diront peut-être, plus accessible. Il est vrai que le chant clair de Droste se glisse fréquemment au sein de ces longues pistes à la lenteur engourdissante, témoins ces lignes survolant "O Father Sea" ou bien "Yet Another Raft Of The Medusa" tandis que les guitares, bien que prisonnières d'une gangue de tristesse, s'élèvent par moment très haut, à l'image de l'entame de "Redemption Lost", qui plus est un des morceaux les plus mélodiques de ce menu maritime malgré le durcissement de ton à mi parcours. De même, l'immense "Tombstone Carousel" s'achève sur un long passage atmosphérique et presque poétique. Riche d'une épaisseur très dure, le son enrobé par Markus Stock, avec lequel les deux têtes pensantes du navire avaient déjà travaillé, sur l'excellent Nordlys de Midnattsol, est consistant ; il est l'écrin idéal pour ce Funeral doom massif et terrassant. Si à première vue, il pourra décevoir ceux qui s'attendait à un nouveau leviathan aussi colossal que tragique, en fait, The Divinity Of Oceans réclame attention et nombre d'écoutes pour pénétrer son âme. Peu à peu, le travail remarquable façonné par Ahab se dévoile, finit par s'ouvrir tel un coquillage mystérieux. Bien que lancinantes et pesantes à l'extrême, les compos, tout en progression et se dirigeant toujours vers une issue irrévocable, sont parcourues par des aplats multiples ; elles sont le théâtre d'aventures tourmentées. Le groupe prend son temps pour installer des ambiances envoûtantes, comme l'illustrent par exemple "Nickerson's Theme" ou "Gnawing 's Bones". Cet album parvient à capturer ce qui fait la beauté de l'océan, sa mélancolie profonde. Refusant la stagnation, les Allemands, tout en conservant leur identité et leur thème, proposent une oeuvre franchement différente de leur galop d'essai, peut-être encore plus belle aussi et ce faisant, grave encore une pièce majeure à la gloire du Funeral doom. On sent chez eux une vision précise de leur art, qualité qui les distingue du tout venant de cette chapelle funéraire dont certains artisans confondent trop souvent autisme des atmopshères et canevas monolithique. (2009) ⍖⍖⍖
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