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KröniK | Strandhogg - Ritualistic Plague (2009)


Pour une fois, je vais commencer par la fin. Ritualistic Plague , sous-titré Evangelical Death Apotheosis, aurait pu n'être qu'une bonne petite série B de metal noir. Oui mais voilà il y a en fin de parcours ce "Mortuus Evangelium", écorché de plus de neuf minutes qui atteint le zénith du malsain avec son tempo lancinant qui multiplie par dix (au moins) sa valeur ajoutée. Sur fond de cris possédés, et bien que rehaussé de quelques parcimonieux arrangements, ces longues minutes étouffantes qui semble provenir de l'enfer lui-même, font souffler un vent impie et mortifère sur ce premier jet qui, grâce à lui est tout ce qu'il y a de plus prometteur. C'est aussi pourtant son principal défaut. Cette conclusion est tellement puissante qu'elle phagocyte tout ce qui la précède.



En outre, par le climat sulfureux et par son rythme plus lent, elle tranche avec le reste qui préfère arpenter les terres d'un art noir rapide et brutal qui ne s'embarrasse pas d'un tube de vaseline pour déchirer les orifices qui l'accueillent, à l'image des viols que sont les néanmoins convaincants, bien que plutôt banals, "Prophecy Of World Funeral", "Deathworshippers" ou "Coronation Of The New God". Strandhogg, c'est polonais. Strandhogg c'est une (encore) jeune horde qui se lance, après deux démos (In Eternal Fire et Art Of Satanic And Antichristian Blood), à la conquête des âmes en perdition. Satanisme, corpsepaint, et tout le toutim constituent son combustible. Polonais certes, ces faces de goules ne se nourrissent par contre pas de l'humus nationaliste contrairement à une bonne partie de ses collègues (Graveland, Iuvenes...). Non, Strandhogg reste fidèle à l'imagerie et au message (?) primaire du black metal originel. Sa principale force, il la tient à sa faculté de sculpter des paysages franchement sinistres et fielleux, comme en témoigne le visuel en noir et blanc qui sert d'écrin à Ritualistic Plague, concentré de haine vindicative et blasphématoire. L'ensemble est carré et solide mais gagnerait à varier davantage les positions en terme de pénétration. Et c'est aussi pour cette raison que "Mortuus Evangelium" se veut aussi salvateur : en même temps qu'il propulse donc ce méfait vers des sommets inespérés, il vient casser la ligne droite le long de laquelle celui-ci est construit. De fait, les Polonais seraient bien inspirés de creuser plus encore un sillon, sans lequel ils ne tireraient pas leur épingle du jeu. Car c'est en effet bien lorsqu'ils serrent le frein à main qu'ils font le plus mal aux muqueuses. La suite au prochain épisode… (20/07/2009)

3/5

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