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Dawn Of Winter | The Peaceful Dead (2008)



















Comme il existe une école du doom finlandais, funéraire et d’une froideur à congeler sur place un caribou, comme il existe un doom britannique, granitique et qui plante son dard dans la fente du death metal, comme il y a un doom américain gras et biberonné au whisky, on peut également parler d’un doom à l’allemande, celui de Mirror Of Deception ou de Dawn Of Winter justement, soit un art de la souffrance guidé par un chant tragique et par des riffs usinés dans les aciéries de la Ruhr.

Malgré une naissance qui remonte à plus de vingt ans, Dawn Of Winter n’est pas un groupe particulièrement prolifique. En effet, si ses premières années d’existence l’ont vu inonder les oreilles des amateurs par le biais d’un bon paquet de démos, "The Peaceful Dead" n’est finalement que sa seconde saillie longue durée, qui plus est réalisée dix ans après la première ! A sa décharge, il faut préciser que ses membres sont tous impliqués dans d’autres formations, à l’instar du chanteur Gerrit Mutz avec Sacred Steel. Comme souvent avec les Teutons, la tradition est respectée (ce n’est pas un reproche). De fait, cet album est un disque de doom à l’ancienne, à la fois lourd et tragique, beau et puissant. Bien entendu, une mélancolie souterraine serpente à travers ces dix compositions mais celles-ci, en dépit de leur lenteur plombée ('Holy Blood') ne s’abîment jamais dans une dépression suicidaire digne du masochisme et de l’auto flagellation.

Dotés d’un son idéal (le mixage, ainsi que le mastering sont dus à l’expert Achim Kölher), leurs titres restent toujours heavy, accrocheurs, d’une durée raisonnable et forts de refrains mémorisables (« le très beau 'Throne Of Isolation'). Bref, ils s’y entendent pour écrire de vraies chansons. Les superbes 'The Music Of Despair', 'The Oath Of The Witch' et 'Mourner', notamment, en sont la parfaite illustration. Cette accessibilité n’empêche pourtant nullement Dawn Of Winter de répandre sa tristesse avec largesse, sentiment profond véhiculé par des textes poignants (The Peaceful Dead est dédié au fils de Gerritz) et plus encore par l’organe de ce dernier que mine un désespoir réel. Et quand le groupe se décide à serrer le frein à main pour se lancer dans un tempo à l’agonie qui vous écrase à la manière d'une chape de plomb comme il sait le faire durant 'All The Gods You Worship' et le déchirant morceau éponyme et terminal long de près de 10 minutes où Gerritz donne tout ce qu’il a et chante avec son cœur, on ne peut dès lors que partager avec le groupe cette douleur. Ce doom pur et plus émotionnel que suicidaire recèle une vraie beauté grise qui touchera tous ceux qui, durant leur vie, ont perdu un être cher. The Peaceful Dead est une cathédrale de souffrance et dans le genre doom traditionnel, une des meilleures sorties de l’année 2008. (2008 | Music Waves)



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